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"Les contrats de prévoyance obsèques :
   Pourquoi et comment y vient-on ?"



               Etude réalisée pour
          l'association Promo-funéraire




                    Juillet 2004




              Nicolas FAUCONNIER


         Département Consommation – Marketing
          142, rue du Chevaleret – 75013 Paris
                     01 40 77 85 60
Les contrats de prévoyance obsèques : Pourquoi et comment y vient-on ?



                                       SOMMAIRE

Contexte et objectifs                                                                   p4


Méthodologie                                                                            p6


1      Ce qui amène à se poser la question de ses propres obsèques                      p8

       1.1     Une cible assez isolée                                                   p8

       1.2     La mort devient un sujet de préoccupation récurrent                      p 10

       1.3     Deux attitudes concernant sa propre mort                                 p 14

       1.4     Les enseignements tirés des expériences douloureuses                     p 17

2      La décision de prendre un contrat obsèques                                       p 21

       2.1     De nombreuses occasions, très diverses, conduisent à
               penser au contrat obsèques                                               p 21

       2.2     Une "maturation" rapide                                                  p 26

       2.3     On souscrit également en ménage                                          p 28

       2.4     Une fois la décision prise, peu de doutes                                p 29

3      Le processus du choix du contrat                                                 p 31

       3.1     Un besoin d’informations relativement limité                             p 31

       3.2     La première et principale source d’informations : la famille             p 33

       3.3     La première motivation du contrat : ne pas laisser une
               "dette" derrière soi                                                     p 35

       3.4     Peu de "personnalisation" dans le choix du contrat obsèques              p 37

       3.5     La religion : une absente signifiante ?                                  p40

       3.6     Au final peu d’obstacles ressentis pour les signataires                  p 43




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Les contrats de prévoyance obsèques : Pourquoi et comment y vient-on ?


4      La démarche précise, la signature                                                p 44

       4.1     Le passage à l'acte                                                      p 44

       4.2     Le choix de l'opérateur                                                  p 46

       4.3     La prise de contact                                                      p 48

       4.4     Un accueil et des entrevues unanimement appréciés                        p 50

       4.5     Des contrats très divers                                                 p 52

       4.6     La question du financement                                               p 54

       4.7     L'après contrat                                                          p 56

       4.8     Un bilan (avant l’heure)                                                 p 60

Conclusion                                                                              p 66


Annexe : le guide d'entretien                                                           p 70




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Les contrats de prévoyance obsèques : Pourquoi et comment y vient-on ?



Contexte et objectifs de l'étude


Depuis 1999, Promofunéraire, organisme consulaire regroupant différents métiers de la
filière funéraire, réalise chaque année une ou plusieurs études permettant à la
profession de mieux connaître les différents aspects constitutifs de l'univers des
obsèques, aussi bien d'un point de vue économique que d'un point de vue
comportemental. Ainsi ont déjà été abordés des thèmes aussi différents que l'économie
de la filière, le vécu et la perception du deuil et des obsèques, deux regards sur le
cimetière l'un côté citoyen, l'autre côté municipalité et, enfin la crémation.



Aujourd’hui, l’un des éléments d’actualité, rencontrant une forte progression depuis
quelques années, concerne la prévoyance obsèques et plus précisément la prévoyance
dans sa déclinaison de contrat de prestation. En effet, il existe différentes formes de
prévoyance dont certaines sont très cousines avec l'assurance vie et qui ne
comprennent nullement de prestation d'obsèques mais simplement le versement d'un
capital au bénéficiaire en vue (ou non) de financer la prestation d'obsèques.



Il s'agissait donc par le jeu de l’étude présente d'approcher la prévoyance associée à
une prestation packagée ou personnalisée des obsèques et souscrite aussi bien auprès
d'opérateurs funéraires que d'organismes de prévoyance ou de bancassurance.



Même si la prévoyance de ses propres obsèques, phénomène relativement récent,
reste minoritaire, elle semble susciter un intérêt de plus en plus marqué. En effet, elle
progresse en suivant un rythme de croissance soutenu en termes de contrats souscrits -
on parle d'une croissance annuelle de 25%-, en témoignent également le nombre
important et la diversité des acteurs proposant aujourd'hui ce service.




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Les contrats de prévoyance obsèques : Pourquoi et comment y vient-on ?


La question centrale de cette étude est : comment en vient-on à souscrire un contrat de
prévoyance obsèques ? Quelle est la motivation fondamentale de cette démarche,
comment se façonne-t-elle et comment se transforme-t-elle en acte ?



Plus précisément, ce travail avait pour objectif de répondre aux trois interrogations
suivantes :



- Analyser la perception, du contrat obsèques dans la vision des obsèques. Comment
s'inscrit-il chez le vivant dans la perspective de son départ ? En tant qu'élément de
rassurance, de tranquillité ? Comme élément de modernité ? Comme une aide aux
descendants… ?



- Comprendre les motivations qui poussent à s'y intéresser et éventuellement à le
souscrire et, a contrario, les freins qui peuvent en détourner une partie de la population.
De quelle nature : psychologique, histoire de famille, économique, rapports délicats
avec les organismes…



- Etudier les modalités de prise du contrat obsèques, y repérer d'éventuels handicaps
afin de travailler sur des voies d'amélioration, des pistes d'évolution…



L'objectif sous-tendu étant de mieux comprendre ce segment de marché pour mieux le
dynamiser, il était également primordial d'analyser parallèlement les principaux freins à
la souscription.




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Les contrats de prévoyance obsèques : Pourquoi et comment y vient-on ?



Méthodologie


Comme il s'agissait avant tout de comprendre une démarche individuelle -ou de couple-
qui revêt un caractère très intime, voire difficile, et de mettre à plat toute la relation entre
le souscripteur et le contrat de prévoyance, l’étude présentée dans ce rapport repose
sur la réalisation d’entretiens qualitatifs approfondis. Cette méthode permet en effet :



- Par sa semi-directivité, de respecter la logique de pensée de chaque interlocuteur et
d’adapter le questionnement au cas par cas ;



- Par sa nature individuelle, de respecter la dimension personnelle des propos tenus, de
l’expérience vécue par l’interviewé ;



- Par le nombre des entretiens et l’hétérogénéité des interlocuteurs, de proposer une
approche diversifiée du sujet et de prendre en compte un nombre important, sinon
exhaustif, de situations différentes.




L’échantillon



L’étude a été menée auprès :



- de personnes ayant souscrit un contrat de prévoyance obsèques via un opérateur
funéraire,




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Les contrats de prévoyance obsèques : Pourquoi et comment y vient-on ?


- de personnes ayant souscrit un contrat de prévoyance obsèques dans d’autres
organismes (mutuelle, société de prévoyance, assurance),

- et enfin sur une cible ayant renoncé à souscrire soit dès l'évocation même de l'idée,
soit au cours du processus menant à l'achat de la prestation.



Ce sont au final 32 personnes qui ont été interrogées, lors d’entretiens d’une durée de 1
heure 30 à 3 heures, de la mi-avril à la mi-mai 2004 :

                                        Formule contrats obsèques
                                       prime   primes        primes non     Total
                                       unique périodiques viagères souscrit
      Homme                                  5             4       4      4      17
      Femme                                  5             3       3      4      15

      Cadre sup, prof libérale                 3              2          2         3    10
      Prof Interm, artisan, com.               4              3          3         3    13
      Employé, ouvrier                         3              2          2         2     9

      60-70 ans                                4              3          3         4    14
      Plus de 70 ans                           6              4          4         4    18

      Opérateur funéraire                      5              4          4         0    13
      Autre opérateur                          5              3          3         0    11

      Plus de 100.000 habitants                4              3          3         3    13
      20 à 100.000 habitants                   3              2          2         3    10
      Rural, moins de 20.000 h.                3              2          2         2     9

      Paris RP                                 3              2          2         3    10
      Province 1                               3              1          2         2     8
      Province 2                               2              2          1         2     7
      Province 3                               2              2          2         1     7

      Total                                   10              7          7         8    32


On trouvera le guide d'entretien en annexe.


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Les contrats de prévoyance obsèques : Pourquoi et comment y vient-on ?




1 CE QUI AMENE A SE POSER LA QUESTION DE SES PROPRES
    OBSEQUES


1.1 Une cible assez isolée

Les personnes recrutées pour cette étude étaient par définition déjà assez âgées. Ce
choix s’imposait à l’analyse des données sur les actuels contractants, la grande majorité
souscrivant leur contrat obsèques après la soixantaine.

Par contre, nous n’avions pas émis d’hypothèses particulières sur d’autres
caractéristiques, et en particulier sur les relations que les contractants entretenaient
avec leur famille.

L’isolement, la solitude sont un critère important, nous semble-t-il, pour définir une partie
de cette population : ainsi, sur les 32 personnes interrogées, 23 vivaient seules et parmi
elles, 6 n’avaient pas d’enfant (vivant du moins).

       "Je vis seul. Ma femme qui est atteinte de la maladie d’Alzheimer est dans un
      institut spécialisé"
      "Je suis célibataire et je vis seule. J’ai une sclérose en plaque depuis l’âge de 21
      ans, alors vous comprenez…"
      "Ma fille est décédée en 1967 d’une leucémie foudroyante…"



Le fait d’avoir des enfants n’implique pas forcément que l’on s’entende bien avec eux
ou, même si c’est le cas, qu’on les voit souvent, qu’on les "ait" à proximité ou encore
que la situation familiale soit des plus simples.

La mésentente avec des descendants ou des personnes de la famille qui pourraient
éventuellement s’occuper de soi est un trait que l’on retrouve dans plusieurs profils de
personnes interrogées :

      "Ma fille habite à Aire sur la Lys. Nos rapports sont exécrables ; ma fille est une
      malade, je la traite comme une malade"



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Les contrats de prévoyance obsèques : Pourquoi et comment y vient-on ?


      "J’ai une fille de 43 ans qui habite Saint-Chamond, avec qui je ne m’entends pas très
      bien, ça dépend des moments"
      "Je ne vois plus mon fils"
      "Mes enfants, je ne les vois plus… Sinon, je me sens assez proche de mes
      cousines"
L’éloignement est également un paramètre qui peut jouer dans l’impression d’une
certaine solitude : bien s’entendre avec sa progéniture est une chose qui comble l’affect,
mais en vivre séparé, éloigné, suscite les regrets et, surtout, une certaine inquiétude.

      "Elle vit en banlieue. On se voit une fois tous les deux – trois mois parce que,
      d’abord, les transports ça coûte cher, et en plus parce qu’elle a un mari et trois
      enfants…Mais je ne me vois pas comme abandonnée, même s’il y a des moments
      pas faciles…"
      "J’ai des cousins à Lyon du côté de ma femme, on les voit deux fois par an à Noël
      ou pour le jour de l’an, et à la Toussaint… C’est sûr, quand je ne serai plus là, ou ma
      femme, celui qui restera sera bien seul…"
      "Je n’ai pratiquement plus de famille ; ma femme a sa famille, sa mère, ses oncles et
      ses tantes qui vivent en Corse"



Restent des personnes plus insérées dans un cercle familial qui, toutefois, ne
représentent pas la majorité de nos interviewés :

      "Ils ne sont tous pas loin. Un à Mons, un à Hellemmes et un à Tourcoing. J’ai des
      rapports journaliers et je les ai souvent à manger le midi ; nous sommes très unis"
      "Mon fils qui habite tout près, je le vois régulièrement. D’ailleurs, mon petit-fils vient
      manger tous les midis, et le soir il vient faire ses devoirs".



Enfin, les évolutions sociétales passées, actuelles et encore à venir font que l'on peut
trouver des cas familiaux un peu plus complexes ayant des répercutions évidentes sur
l'organisation de sa vie et de ses choix quotidiens :

      "Nous avons été mariés deux fois tous les deux. Ma femme avait deux enfants et
      moi cinq dont un est aujourd'hui décédé. Et nous avons eu une fille ensemble.
      Aujourd'hui je ne vois plus qu'un seul des enfants de mon premier mariage à cause
      de mon divorce. Mes enfants affectifs ce sont ceux de ma femme actuelle"…



Si les ascendants ou descendants directs, ceux-là mêmes normalement "habilités" à
s'occuper du décès, font parfois défaut par la force des choses ou des caractères, les

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Les contrats de prévoyance obsèques : Pourquoi et comment y vient-on ?


personnes rencontrées dans le cadre de cette étude mentionnent pratiquement toujours
un lien avec une personne de la famille plus ou moins éloignée.

      "Je suis fille unique, j'ai juste une cousine".
      "Je suis fille unique et je n'ai plus de famille. Du côté de mon mari, j'ai une belle
      sœur avec qui je suis proche"
      "Mes belles sœurs, nous sommes très unies".



Mais ces relations n'obligent en rien au sens légal, donc moral, à assumer les
démarches liées au décès d'une personne. De plus, il y a la retenue, celle qui ne permet
pas d'aborder un sujet aussi difficile avec un neveu ou une belle sœur contrairement à
une situation où l'on s'adresserait à l'un de ses enfants. Ces situations apparaissent en
ce sens potentiellement génératrices de prévoyance.

Si l’on ne peut donc réellement parler d’isolement pour l’ensemble des personnes
interrogées, on voit bien qu’une part importante d’entre elles vivent dans un état plus ou
moins grand de rupture des liens sociaux ou affectifs. La retraite d’abord, la vieillesse
ensuite sont deux facteurs qui génèrent une inquiétude, propice, comme on le verra, à
s’intéresser de plus près à ce qu’il va advenir de soi. Les personnes interrogées étaient
pour une majorité d’entre elles dans un état d’esprit où elles savaient, ou du moins
imaginaient, ne plus pouvoir compter sur les autres.




1.2 La mort devient un sujet de préoccupation récurrent



Dans une logique naturelle, plus on atteint un âge certain, et plus on est certain de voir
mourir des proches. Toutes les personnes interrogées ont donc connu des décès,
organisé des obsèques, vécu des moments douloureux. Pour autant, toutes n’ont pas
été marquées de la même façon, dans la même mesure. Si la mort d’un proche est,




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Les contrats de prévoyance obsèques : Pourquoi et comment y vient-on ?


d’évidence, une expérience traumatisante, c’est sur ses circonstances, voire sur la
célébration des obsèques que l’esprit va se concentrer.

Quatre types d’expériences sont particulièrement marquants, selon les personnes.




1.2.1 Majoritairement : un traumatisme affectif, lié à la perte de
       personnes aimées

Le premier type relève de l’attachement porté au disparu : il est de nature purement
affective, marque durablement, et fait surtout prendre conscience de l’inéluctabilité de la
mort. L’expérience est souvent ancienne, remontant au premier proche décédé. Pour
autant, elle demeure vivace dans l’esprit et le cœur, et constitue le début d’un travail sur
soi. Sans renvoyer aux travaux précédemment réalisés sur le même thème, on peut
citer quelques verbatims illustrant cette tendance :

      "Celui de mes parents, je les aimais…"
      "Celui de mon père, j’avais cinq ans, je me suis caché dans la pièce pour le voir, à
      l’époque on veillait encore les morts, et puis celui de ma femme"
      "Quand ma fille est morte, la vie s’est arrêtée. Depuis, j’attends le mien"
      "C’était ma mère, c’était une perte très lourde, très douloureuse pour moi".
      "Celles de mes parents, on s'en souvient toute sa vie, ce qui marque avant tout c'est
      la disparition, il y a un énorme choc affectif, c'est indépendant des obsèques qui ne
      sont en fait que des formalités"



Le travail de deuil qui s’effectue à ce moment n’en finit jamais réellement, il est un début
de préparation à sa propre disparition. Il est alors réactivé plus ou moins régulièrement
par d’autres décès :

      "Puis il y a eu mes oncles, mes tantes, mon beau-frère…"
      "Après ma fille, c’est mon mari, puis ma sœur…"
      "La mort de mes neveux…"
      "A partir de là, j’ai eu l’impression que ça n’a pas cessé… Oui, évidemment, c’est à
      partir de ce moment que j’ai commencé à penser à moi, à ce qui se passerait…"




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Les contrats de prévoyance obsèques : Pourquoi et comment y vient-on ?


A partir de l’événement "fondateur", d’autres "accidents" peuvent survenir qui font
prendre conscience de tout ce que l’on ne voudrait pas pour ses propres obsèques.




1.2.2 L’impréparation

Plusieurs personnes conservent un souvenir particulièrement négatif d’obsèques, fondé
sur la vision de l’impréparation des familles. Autrement dit, c’est à ce moment là que ces
personnes ont pris conscience du poids que cela pouvait représenter, et du fait que,
surtout en cas de décès brutal, le trouble affectif peut s’aggraver de difficultés pratiques.

      "Ca a été compliqué, rien n’était préparé. Il n’y avait pas d’argent".
      "Cela a posé des problèmes de famille, personne n’était d’accord, ça a été terrible"
      "Les obsèques de ma mère m’ont beaucoup marqué. C’était une mort brutale, il y
      avait toutes ces démarches pas faciles à faire, surtout quand on est malvoyante…"



De l'impréparation naît déjà l'idée que la prévoyance des obsèques peut réduire cette
sensation désagréable d'être pris au dépourvu et "adoucir" en partie la douleur morale
en allégeant la difficulté d'organiser des obsèques.

      "Si tout est prévu à l'avance pour les obsèques, c'est plus supportable pour ceux qui
      restent, pour ceux qui doivent tout faire à ce moment là (curé, faire-part, cercueil ), il
      vaut mieux que ce soit quelqu'un d'autre qui prenne cela en charge, ça soulage les
      personnes touchées".




1.2.3 Le moment des obsèques : on peut se heurter en plus à des
       situations dérangeantes…

En plus de la douleur liée au décès proprement dit, les obsèques apportent parfois leur
lot de mauvaises images, de moments détestables voire de situations improbables. Ces
situations encouragent certainement les personnes qui y ont été confrontées à entamer
une réflexion sur le déroulement de leurs propres obsèques.




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Les contrats de prévoyance obsèques : Pourquoi et comment y vient-on ?


      "Ce n’était vraiment pas le moment de se tirer dans les pattes"
      "Mes parents, ce n'étaient pas des parents ils n'ont jamais voulu voir mes enfants ni
      mes petits enfants. Ils m'ont mis hors de la famille qui nous a quand même envoyé
      un faire-part et quand on est arrivé là-bas on nous a laissé de côté".
      "Cela a posé des problèmes de famille, personne n’était d’accord, ça a été terrible"



1.2.4 Le refus du protocole, de l’hypocrisie du moment :

Toujours au moment des obsèques, apparaissent certaines réactions épidermiques
quant au déroulement de la cérémonie. C'est là qu'on se forge une opinion a minima sur
ce que l'on ne souhaiterait jamais voir ou avoir le jour de sa cérémonie.

La tradition conserve une place importante dans le protocole des obsèques qui ne
convient pas forcément à tous. Par défaut, sans instruction, cette tradition tendra encore
souvent à s'appliquer et cela choque.

       "Ce qui m’a dégoûté c’est ces guignols de curés qui racontent n’importe quoi alors
      qu’ils ne connaissent même pas les gens qu’ils enterrent"
      "Il a fallu tout assumer, le monde, le convoi à l'ancienne jusqu'au cimetière sous une
      chaleur d'enfer, et puis tout ce monde à gérer après !!! C'était terrible dans tous les
      sens du terme, moralement physiquement. Toute cette cérémonie grandiloquente,
      ridicule usante, la mort c'est la mort c'est tout"
      "Quelle dureté au Portugal avec la religion, l'attitude des gens, toutes ces soi-disant
      traditions,… terrible !



Toutes ces situations marquantes amènent l'individu à réfléchir sur la manière dont cela
se passera quand ce sera son tour. On trouve ici déjà plusieurs origines, même si ce ne
sont pas les seules à la volonté de souscrire à l'idée d'une prévoyance obsèques.

Et toutes ces situations sont forcément des fixateurs de l'idée qu'un jour tout le monde
meurt et qu'il faudra bien passer par-là. Mais tous n'y songent pas de la même manière,
quand ils y songent.




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1.3 Deux attitudes concernant sa propre mort

Deux attitudes opposées ont été observées. Une première, majoritaire, rassemble les
personnes qui pensent à leur mort, soit de manière obsessionnelle soit de manière plus
sporadique, une deuxième est l'évitement, on ne souhaite pas y penser.




1.3.1 Ceux qui pensent à leur propre mort

1.3.1.1 On vit avec

La mort est inévitable, latente parfois, on vit avec. De toutes façons, en a-t-on
réellement le choix. La maladie est là, le chemin est tout tracé, c'est programmé. On
sent ces personnes là résignées, dans l'attente de l'événement avec la crainte que la
maladie s'éternise, que la mort ne les guérisse pas assez vite.

      "J'y pense assez fréquemment, je dirais depuis une dizaine d'années, depuis que j'ai
      vu mon pneumologue. Ca m'inquiète des fois. J'espère que ça va être rapide et puis
      voilà."
      "Je sais depuis quelques mois que je suis atteinte d’un cancer de la moelle; j’y
      pense à tous moments".
      "Depuis cinq ans où j’ai eu un problème cardiaque. Je ne peux pas faire autrement
      que d’y penser".



La disparition de proches marque les bornes de sa propre vie. Conscients des
conséquences fatales du vieillissement mais repoussant le plus loin possible l'idée de la
mort, une grande proportion des interviewés avouent que la disparition d'un proche du
même âge ou, pire, plus jeune, les obligent à ouvrir les yeux sur leur propre sort à
l'échéance. Machinalement un décès marque et chaque épreuve vécue agit comme une
piqûre de rappel dont l'effet est plus puissant à chaque fois.

      "Depuis la mort de mon mari. Je sais bien que je vais partir un jour"
      "La mort ne m'inquiète pas, je ne tiens plus à la vie, je pense beaucoup à me
      suicider et je pense que je le ferais, Je ne suis plus du tout croyante, leurs propos
      [ceux des religieux] sont tellement absurdes ! la mort est une fin, point final ! Peut
      être la mort de ma fille y est pour quelque chose, je crois que je ne m'en suis jamais
      remise".


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      "La preuve que j'y pense souvent puisque j'ai pris un contrat. J'y pense depuis la
      mort de Maman, cela fait 22 ans
      "J’y pense depuis que mon mari est parti, ça va faire 5 ans.




1.3.1.2 On y pense de temps en temps

Pour les mêmes raisons que précédemment, on pense à la mort mais de manière moins
obsédante, soit depuis toujours car la voie est ainsi tracée : une naissance, une vie, une
mort…

      " Oui, parfois. Des fois on se demande comment ça va se passer"
      "Oui, ça m'arrive mais je dis aux enfants qu'ils ne doivent plus s'en faire, le plus beau
      est derrière moi. Je crois que j'y ai toujours pensé, la mort ne me fait pas peur, c'est
      un passage".
      "Depuis toujours, j’y pense à certains moments sans appréhension, c’est
      l’aboutissement normal de la vie"



…soit depuis la survenue d'un événement particulier : là encore un décès, une maladie,
la contraction de prévoyance ou encore… de la publicité. Dans ce dernier cas, la
publicité survient comme un révélateur, faisant prendre conscience aux "insouciants", à
ceux qui refoulent l'idée, que la mort interviendra un jour et qu'il vaut mieux s'y préparer.

      "Oui, à certains moments, parce que ça donne à réfléchir avec la mort de mon beau-
      frère"
      "En février, je suis allée à l'hôpital et cela donne à réfléchir et là, je pense à mes
      enfants et petits enfants".
      "Depuis que j'ai signé, j'y pense un peu plus parce que forcément, au moment de la
      signature, on a visualisé des choses de la cérémonie, alors forcément…"
      "On y pense toujours, arrivée a un certain âge et puis on reçoit des publicités par la
      poste alors on regarde, on lit ce qui est proposé et ça y fait penser".




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1.3.2 Ceux qui n'y pensent pas

Ils sont en fait très minoritaires. Ici, l'étude introduit un biais très marqué dans la mesure
où l'on recherchait essentiellement des personnes ayant souscrit un contrat de
prévoyance et donc, par définition, des personnes ayant parcouru tout un cheminement
intellectuel axé sur la mort. Il est donc logique de ne recenser qu'une toute petite partie
des interviewés dans ce cas. D'ailleurs, sur les quatre personnes qui ne déclare ne pas
y penser ou très peu, deux sont des personnes qui ont finalement renoncé à souscrire
un contrat de prévoyance.

On remarque également que trois interviewés sur les quatre vivent seuls, peut être
pense-t-on moins à la mort lorsque l'on sait que l'on laissera moins de douleur derrière
soi.

Il y a souvent une ambiance fataliste dans le discours recueilli auprès de ces personnes
avec souvent le même leitmotiv qui revient en ostinato : il faut bien mourir un jour.

       "Je n'y pense guère. Mais c'est sûr que je ne pense pas être immortel. Ca viendra
       quand ça viendra".
       "Pas tellement, non pas encore. J’ai fait ma route, mon bout de chemin"
       "je préfère penser à la vie et faire qu'elle soit la meilleure possible jusqu' à la fin".



Enfin, on peut très bien oublier d'y penser parce que tout va bien :

       "Non, on ne l'imagine pas lorsque l'on est en bonne santé".




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1.4 Les enseignements tirés des expériences douloureuses

Dans une petite majorité des cas le décès de proches ou les cérémonies qui ont marqué
les interviewés ont des répercutions sur leur manière de voir ou de penser l'avenir.
L'anticipation prime. Le simple fait de vouloir organiser ses propres obsèques est bien
évidemment une conséquence de ce qui a été vécu, rares sont les cas, et on l'a vu
précédemment, où l'expérience de la mort des autres est absente.

Et dans l'expérience de la mort des autres se fonde sa propre philosophie de la mort et
sa propre vision de ses obsèques. A ce titre le vécu d'obsèques a pu apporter
répugnance ("ce que je ne veux surtout pas") ou au contraire adhésion ("ce qui serait
bien pour moi comme pour mes proches"). Mais d'abord, le premier enseignement c'est
qu'il faut être prêt au bon moment, c'est à dire se préparer, surtout parce qu'on est seul.




1.4.1 L'isolement, la solitude.

L'inquiétude de sa destinée post mortem, non pas au sens spirituel du terme mais bien
au sens physique et donc très matériel est évidemment très prégnant chez les
personnes vivant seules et/ou ne laissant qu'une "vague" famille derrière elles.

Qui va s'occuper de mes obsèques ? Comment cela peut-il se passer ? Comment se
comportera ce qui me reste de ma lointaine famille peu préoccupée par ma personne ?
Beaucoup d'interrogations légitimes de la part de ces personnes isolées. La canicule de
l'été 2003 a d'ailleurs été, et même si la plupart des interviewés s'en défendent, un
révélateur douloureux. Comment peut-on abandonner SES morts ? Et chacun de
transposer cette situation à son propre cas. Se pourrait-il que cela m'arrive ?

Le besoin est ici clairement exprimé, que la prévoyance obsèques peut naturellement
combler.

      "Moi, je n’ai plus personne. Qui va s’occuper de moi, où je vais aller, qu’est-ce qu’on
      va faire de ce corps…?"
      "J'ai pris un premier contrat il y a dix ans je ne sais pas trop pourquoi, juste peut être
      parce que je vis seule et parce que je me suis demandée qui allait organiser mes



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      obsèques et comment. Pour moi, c'était prouver mon indépendance et ne rien devoir
      à personne"1
      "Comme j'ai une famille réduite, je ne voulais pas embêter mes nièces et dans le
      fond je me suis dit que c'était une excellente chose de prendre en main soi même
      cette décision".



1.4.2 Pour avoir les obsèques que l’on désire.

Autre logique des enseignements tirés, la volonté légitime que soient respectés un
certain nombre de principes pour la cérémonie comme pour le type ou le lieu de repos
éternel. Cette volonté se forge généralement après avoir assisté à des obsèques
considérées comme catastrophiques ou plus simplement parce que l'interviewé a depuis
toujours des idées très arrêtées sur ce qu'il souhaite.

      " je me sens détachée de la vie désormais et je ne supporte plus les fleurs blanches,
      je trouve les cimetières absurdes et ces débordements religieux ridicules. Quand
      vous entendez un curé vous dire que votre fille est mieux là-haut que près de vous,
      ça vous met dans une colère terrible, je ne crois plus, je compte bien me faire
      incinérer et disperser dans le jardin du souvenir, sans cérémonie ni fleurs !"
      "Pour qu’il n’y ait personne à mon enterrement, ni toutes ces cérémonies ridicules"
      "Il n’y aura pas de fleurs, les amis proches uniquement et mes enfants"
      "J’ai fait incinérer mon mari pour qu’il soit avec ses parents et j’ai dit qu’on fasse la
      même chose avec moi"



Il n'est pas toujours aisé de communiquer à ses proches (lorsqu'on en a encore) ses
desiderata en matière de choix d'obsèques et de prestations. Certains ne le feront
jamais car le sujet ne s'aborde pas facilement, d'autres n'ont pas encore pris le temps
de le faire. Là encore la prévoyance obsèques apporte de toute évidence une solution
de sérénité.




1
 Il s'agit d'une personne handicapée, atteinte d'une sclérose en plaque depuis l'âge de 21 ans et qui de
ce fait n'a jamais souhaité fonder un foyer.



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1.4.3 Pour ne pas laisser aux autres cette responsabilité

Que l'on soit seul, que l'on ait des désirs particuliers pour ces obsèques sont des
éléments déclencheurs de la démarche prévoyance obsèques, c'est certain. Mais plus
que tout, l'argumentaire qui est revenu le plus fréquemment dans les discours tenus
portait sur la détermination à alléger la charge que représente l'organisation d'obsèques
par les survivants proches.

A entendre les personnes interrogées, c'est même un sentiment tout naturel. On a pu
être pris au dépourvu lors d'un décès et on ne souhaite pas que ses proches aient à
vivre cette situation difficile. La douleur du décès suffit, si on peut éviter d'en rajouter…

      "Je ne veux pas laisser à mes enfants ce fardeau"
      "Il faut laisser le moins de problèmes à ceux qui nous suivent,
      "J’ai tout préparé pour éviter ça à ma famille et éviter les profiteurs qui profitent des
      personnes endeuillées"
      "Que jamais mes enfants n’aient ce genre de soucis : il y aurait l’argent qu’il faut et
      tout serait prêt"
      "Après avoir vu la publicité TV ,on a eu envie d'avoir plus de renseignements sur ce
      produit . Ce qui nous a sensibilisé dans ce discours c 'est le fait que ma fille soit
      tranquille par rapport à l'organisation de nos obsèques, aussi bien au niveau
      financier que psychologique. Prévoir notre mort c'est lui apporter une aide à ce
      moment là, qu'elle ne soit pas obligée de tout organiser, la mort c' est déjà assez dur
      comme cela".



Quand se présente le décès d'un proche ayant prévu ses propres obsèques, cela est
vécu avec un tel soulagement que l'on n'envisage plus de ne pas faire pareil pour soi.

      "Pour ma mère, elle avait souscrit quelque chose, quand elle est décédée, tout était
      fait, nous, ses enfants, n’avions plus rien à faire".



La prévoyance, est donc souvent décrite comme un outil apportant rassurance et
sérénité. A ce stade de l'entretien, on ne note pas de signe d'inconvénient particulier
propre à cette démarche. De plus, se préparer à l’avance n’empêche pas de modifier au
gré du temps la façon dont on voit les choses.




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Les contrats de prévoyance obsèques : Pourquoi et comment y vient-on ?


      "J’ai prévu ce que j’allais faire. J’ai préparé un faire-part que je modifie au fur et à
      mesure des événements de la vie "



In fine les enseignements tirés des décès qui ont marqué les interviewés convergent
tous vers l'idée de penser concrètement à l'organisation de ses obsèques, peut être la
seule manière pour ces interviewés de lever toutes les inquiétudes qui se dessinent par
rapport au respect de ses "dernières volontés" ou celles liées à la charge que
représente pour les autres l'organisation d'obsèques.




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2 LA DECISION DE PRENDRE UN CONTRAT OBSEQUES

2.1 De nombreuses occasions, très diverses, conduisent à
      penser au contrat obsèques

2.1.1 De vraies motivations

Très souvent plusieurs motivations se conjuguent pour créer l'envie de souscrire. Elles
ont principalement de deux ordres, l'aspect financier et les aspects plus matériels.



2.1.1.1 Les motivations d'ordre financier

Comme on l'a vu précédemment, les raisons et motivations pour souscrire ne manquent
pas. Une qui n'a pas encore été abordée par les interviewés porte sur l'aspect financier
des obsèques. On sait que l'effort financier qu'il faut consentir pour organiser des
obsèques est important et un quart des personnes interrogées le dit spontanément.
Avant toute autre chose, leur objectif premier, au travers de ces contrats est de ne pas
grever les budgets de leurs descendants et/ou de ne pas laisser ceux-ci s’engluer dans
des problèmes d’argent.

      "Après la mort de mon mari, j’ai eu du mal à payer les obsèques… Le monsieur de
      la banque m’a parlé de son assurance pour la mort"
      "C’est beaucoup parce que mes petits enfants ne sont pas riches, moi non plus"
      "Financièrement, je ne voulais pas que mon épouse soit un jour ou l’autre dans le
      besoin suite à ma mort"
      "L'aspect financier passe en premier, pour ne pas être pris au dépourvu. Un contrat
      obsèques c'est comme un investissement, un placement qui a pour but de garantir
      ses obsèques et mettre son conjoint et ses enfants à l'abris des soucis financiers
      inhérents au coût d'un enterrement".



Quand ce n'est pas tout simplement de la méfiance vis-à-vis de la profession :

      "J'ai souscrit un contrat obsèques pour éviter à ma famille de vivre ce que j'avais
      vécu avec ma mère et pour éviter les profiteurs qui profitent des personnes
      endeuillées".


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Dans le cas de personnes très isolées, cela peut revêtir l'aspect de l'évidence même. En
effet, sauf à envisager une prise en charge par la collectivité, ce que certains se
refusent à faire, il faut prévoir une enveloppe.

      "Qui aurait payé ? Ca, je me le demande bien et comme je n'ai jamais trouvé de
      réponse à cette question, autant que je m'en charge moi-même".



2.1.1.2 Les motivations d'ordre matériel

Bien évidemment on retrouve là le sentiment que si l’on ne s’en occupe pas soi-même,
personne ne le fera et qu'évidemment, personne n'est finalement mieux placé que soit
pour savoir précisément ce que doit comporter la prestation d'obsèques.



      "Quand ma nièce m’a laissé tomber, je me suis dit qu’il fallait que je prévoie mes
      obsèques"
      "Comme j’ai une famille réduite, je ne voulais pas embêter mes nièces et dans le
      fond je me suis dit que c’était une excellente chose de prendre en main soi-même
      cette décision"
      "C'est plutôt l'aspect matériel qui a primé. J'avais le souhait que tout soit fait comme
      je le voulais et que ma nièce n'ait pas à s'en occuper".



Dans les considérations d'ordre matériel, on retrouve chez certains une préoccupation
d'ordre esthétique, de coquetterie même chez les femmes.

      "En plus, je ne voulais pas être dans un cercueil moche. Alors, après tout pourquoi
      ne pas le choisir. Ce n'est pas plus dramatique qu'autre chose. Mais ça fait quand
      même drôle de choisir SON cercueil".
      "L'aspect matériel a été primordial, c'était surtout pour faire plaisir à mes enfants et
      pour pouvoir faire graver une pierre levée ou sera écrit quelque chose en mémoire
      de mon mari, ce qui n’avait pas été fait au moment de son décès".
      "Je ne voulais pas de cérémonie ni qu'on m'habille n'importe comment".




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2.1.2 Des influences

Comme cela a été déjà largement évoqué, les expériences douloureuses du passé ont
fortement influencé les esprits en matière de prévoyance. On peut même placer ce
phénomène comme premier élément déclencheur de la prise de conscience. Mais il y
en a d'autres, qui interviennent tout au long du processus de maturation de l'idée.

2.1.2.1 La publicité

A la lecture des entretiens, on a pu observer que le mot publicité revenait de manière
assez récurrente. Les interviewés avouent souvent l'utilité de ces publicités à un
moment ou à un autre de leur réflexion. Cela ne signifie pas forcément l'assurance d'une
notoriété sans faille pour l'annonceur mais plutôt celle du produit ou du service en
l'occurrence. En effet, les personnes interrogées savent que toute entreprise de Pompes
Funèbres propose ce type de service aujourd'hui. La démarche se fera pratiquement à
l'identique que pour une prestation classique d'obsèques. On se rend dans une maison
que l'on connaît, ayant pignon sur rue ou proche de chez soi et rarement ailleurs.

      "Je suis allée chez la maison LIEVRE, par tradition familiale puisqu'ils se sont
      occupés des enterrements de la famille et de celui de ma mère"



Mais la publicité, elle, vante avant tout les mérites d'un service, du moins c'est ce que
veulent en retenir les interviewés. Heureusement pour les annonceurs, certains notent
quand même le numéro à appeler mais rarement les premières fois qu'elles voient la
publicité. Il y a là un risque…

      "Par la télévision. Je me suis dit, c’est vrai, après tout pourquoi pas, je ne laisserai
      pas de soucis"
      "Ca remonte à loin, je ne sais plus trop, peut être après avoir vu la pub là-dessus."
      "Un jour j’ai vu une publicité dans le journal, j’ai tout de suite écrit"
      "La première fois que j’ai songé à prendre ce contrat, c’était en voyant la publicité à
      la télé il y a cinq ans"




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Il est clair que le vecteur publicitaire appuis très fort auprès de ces population, son
efficacité semble assez redoutable. Mais elle ne suffit pas. Derrière une publicité, il y a
une démarche commerciale et qui dit démarche commerciale dit également méfiance de
la part de ces populations de plus en plus sollicitées par les vendeurs de tout et
n'importe quoi. C'est là que le relais "bouche à oreille" prend tout son sens.



2.1.2.2 Le "bouche à oreille"

Ici, plus de commercial abusif, c'est la confiance qui domine. Qui, un parent, qui un
voisin ou un ami, toujours un tiers de confiance pour vous convaincre du bien fondé de
la démarche. Bien sûr il faut vaincre le tabou du sujet.

      "J'ai des amis plus vieux que moi encore qui y pense aussi mais on n'en parle pas"



Mais lorsque le sujet est abordé, sauf insensibilité à ce thème ou rejet formel de l'idée
même de pouvoir organiser ses propres obsèques ("C'est trop morbide", "Quand j'en
parle autour de moi, on me dit "ce n'est pas possible", "et moi je dis que ça ne fait pas
mourir de signer un contrat obsèques, c'est juste une précaution"), l'impact peut être
très fort.

      "Je suis allée voir l’entreprise lorsqu’une des voisines y est allée pour elle"
      "Mes parents avaient souscrit un contrat de ce type, ça m'a donné l'idée"
      "Après la mort de mon mari, on m'a dit que si j'avais prévu ça aurait été moins dur".
      "Je me suis inscrite à une association de crématiste qui m'a conseillé de prévoir mes
      obsèques".



Le bouche à oreille n'est bien sûr certainement pas suffisant à lui seul. Il vient
compléter, infirmant ou confirmant l'information distillée dans les campagnes de publicité
et bien sûr, il rassure.

      "Bien sûr je me suis renseigné beaucoup autour de moi, qu'est-ce que vous croyez
      parce qu'avec toutes ces pub qu'ils passent à la télé tout ça ce n'est pas très
      explicite. Et si la société fait faillite ? Hein ? Qu'est-ce qu'il arrive ? Et bien ils ne
      vous le disent pas"



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Les contrats de prévoyance obsèques : Pourquoi et comment y vient-on ?


      "L'expérience de l'enterrement de mes parents nous a laissé la certitude que nous
      ne voulions pas que notre fils s'occupe de tout ça, tant d'un point de vu financier que
      matériel, Nous avions vu des publicités à ce propos mais c'est à l'occasion d'un
      achat de fleurs pour un enterrement dans un magasin des PFG que le commercial
      m'est tombé dessus pour me parler des contrats obsèques. Cela m'a immédiatement
      donné le sentiment d'une exploitation outrancière de la mort. Ensuite, notre voisine
      nous en a parlé, elle nous a confié sa documentation, nous avons commencé à nous
      renseigner plus en détail, car nous voulions nous assurer que notre fils n'ait pas de
      soucis".




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Les contrats de prévoyance obsèques : Pourquoi et comment y vient-on ?




2.2 Une "maturation" rapide

Pas question, à la lecture des entretiens de conclure que le processus menant à la
souscription est un processus lent, cheminant petit à petit vers la raison. C'est tout le
contraire que l'on peut constater. Dans une très grande majorité des cas, la maturation
est rapide, très rapide parfois même, comme si, à partir de la naissance de l'idée, il
fallait faire très vite de peur soit de mourir, soit de renoncer parce que la "démarche"
reste malgré tout difficile.

La grande majorité des interviewés, près des deux tiers, s’est résolue dans l’année qui a
suivi la première idée. La décision intervient donc très vite. Comme s'il y avait finalement
peu d'obstacles au franchissement du cap.

      "Ca s’est fait très rapidement suite à 2 ou 3 discussions avec mes enfants, j’ai pris le
      numéro, j’ai appelé"
      "Un an après la publicité, et deux semaines entre les renseignements et la signature
      du contrat"
      "Six mois de réflexion, après avoir vu les premières publicités, puis appeler pour un
      rendez-vous".
      "Ca a été vite. Je n'aime pas quand les choses traînent. Nous n'avons pas
      décortiqué la chose, vous savez c'est compliqué sinon. Nous on aime bien faire
      comme ça".



Si on peut parler d'une certaine célérité entre l'ébauche de l'idée et la maturation de la
décision, celle-ci s'accroît encore entre la décision et la signature. Peut-être redoute-t-on
de faire marche arrière, croit-on que cette phase du "je me jette à l'eau" est instable.

      "Mais une fois que nous avons vu la personne, à peine un mois pour le rappeler et
      signer"
      "Ca a été assez rapide. J'avais demandé de la documentation aux PFG et là, ils
      m'ont envoyé quelqu'un chez moi qui m'a tout expliqué et j'ai signé sur le champ. En
      plus, ce n'était pas dur parce que j'avais déjà une concession".



Certains semblent même s'impatienter de la lenteur qui leur est opposée.



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Les contrats de prévoyance obsèques : Pourquoi et comment y vient-on ?


      "Je me suis renseignée l'année dernière auprès des PFG d'Andrézieux, parce que je
      connaissais le père du jeune homme qui les tenait et puis ça à traîné, ça m'a énervé,
      je voulais en terminer, je suis allée en novembre 2003 aux PFG, vers" la Charité", la
      maison Martel, je crois, ils m'ont donné un rendez-vous avec le commercial, ça à
      encore traîné un peu, je ne sais pas pourquoi, j'ai enfin pu signer en Février 2004".



Toutefois, une minorité des interviewés temporisent plus, voire beaucoup plus ces
étapes. Que ce soit dans celle de la maturation :

      "J'y ai pensé en 1958, à l'enterrement de mon père, j'avais 34 ans, je me suis dit qu'il
      faudrait faire quelque chose comme ça, prévoir ses obsèques, la vie a suivi son
      cours, j'y ai toujours pensé et en fait c'est en 2003 que j'ai fait les démarches parce
      que, la succession de mes parents était réglée".
      "Ca m'a travaillé longtemps. J'ai vu plusieurs fois les pub à la télévision, jusqu'au
      jour où j'ai enfin retenu le numéro de téléphone"
      "Peut être 20 ans en tout. Mais plus concrètement, environ 2 ou 3 ans, depuis qu'on
      en parle à la radio ou à la télé".
      "5 ans parce qu'au début ce n'était que des effleurements".



…Ou dans la signature du contrat :

      "J'ai pris mon temps pour réfléchir. J'ai eu les papiers avant l'été, après les vacances
      j'y suis retourné pour signer.
      "46 ans !!!"




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Les contrats de prévoyance obsèques : Pourquoi et comment y vient-on ?




2.3 On souscrit également en ménage

Si l'on a vu que pour une personne vivant seule, éloignée de ce qui lui reste comme
famille, signer un contrat de prévoyance obsèques apparaît vraiment comme une
évidence, il est fréquent que l'on puisse s'engager également sur ce type de prestation
lorsque l'on vit encore en couple. Le contrat porte évidemment sur les deux "têtes"
suivant le principe que "décharger" la famille s’applique au membre du couple qui
restera.

      "C’était pour nous deux, c’est indissociable"
      "C’est ma femme qui m’y a sensibilisé. Moi j’y pensais mais ne prenais pas de
      décision, c’est elle qui a demandé les papiers et nous avons continué la démarche
      ensemble jusqu’à l’aboutissement du contrat"
      "C’était pour nous deux, pour que le dernier vivant n’ait pas de soucis "



C'est évidemment lorsqu'on découvre dans son entourage, lors d'un décès, l'état
d'isolement du conjoint survivant que l'on songe à ce type de solution. La projection
d'une telle situation sur le cas de son propre couple amène évidemment à se poser la
bonne question. Souvent dans un sens "machiste" d'ailleurs, sous-entendu : "comment
fera ma femme si je meurs ?".

Cela va même parfois plus loin. Dans certains cas, si les deux membres sont couverts,
l’un des deux n’a même pas été consulté.

      "Vu son état (Alzheimer) je ne lui en ai pas parlé"
      "Jamais. Il s’occupe de tout, je sais, mais on parle de rien"
      "Je ne lui en ai pas parlé".



De toutes façons, à part en raison d'un refus expressément manifesté par le conjoint, on
comprendrait mal que la démarche soit faite isolément, "en égoïste", par l'autre, ça
n'aurait pas de sens. On peut bien sûr envisager le cas d'un obstiné qui malgré tout
souhaiterait le faire dans son coin ou encore pour des raisons purement financières.


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Les contrats de prévoyance obsèques : Pourquoi et comment y vient-on ?


      "Pour moi seulement et ce, pour une question financière. Ma femme, s'il lui arrive
      quelque chose, moi je touche une retraite de cadre donc je me débrouillerais pour
      ses obsèques. Mais elle, si je meurs avant, elle se retrouverait dans la difficulté.
      C'est pour ça que je ne l'ai pas fait pour tous les deux.




2.4 Une fois la décision prise, peu de doutes



A partir du moment où les interviewés commencent à s’intéresser aux contrats
obsèques, leur décision semble déjà prise : le moment n’est pas aux interrogations sur
celle-ci, mais plutôt sur le choix du prestataire. Toutefois, on a vu plus haut que la
célérité de souscription, une fois la décision prise pourrait s'expliquer par le fait que le
doute persiste toujours, même si les interviewés s'en défendent pratiquement
systématiquement.

      "Non, non pas du tout. A partir du moment où l’idée était là, je n’ai plus hésité"
      "La réflexion s’est faite au travers des discussions avec mes parents, et puis une fois
      que j’avais pris ma décision, j’ai regardé le contrat et comment ça se passait… Je ne
      me suis pas pris la tête avec ça pendant des mois et des mois"
      "Non pas du tout, je n'ai eu aucun doute. Quand quelque chose commence à venir
      dans ma tête, l'idée fait son chemin sans retour en arrière et sans détour. J'étais
      déterminée".



On peut aussi avancer que tout se passe comme si l’on cherchait à se débarrasser de
cette "corvée", dans un retour de refoulé sur la mort. Une fois cette affaire "réglée", on
peut tourner la page, vivre plus léger.



      "Pas tu tout. D’ailleurs la personne qui est venue m’a donné un mois pour réfléchir et
      moi j’ai dit que je n’en avais pas besoin "
      "Aucun doute. Une fois l’idée venue et la démarche faite, cela m’a semblé évident,
      c’était une bonne chose de faite, je pouvais penser à autre chose".




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Les contrats de prévoyance obsèques : Pourquoi et comment y vient-on ?


Certains ont quand même eu manifestement un peu de mal. La gestation est plus
longue, il y a quelques hésitations.

      "Non, j'ai peut être eu un petit doute, en me disant que si l'échéance de ce contrat
      était plus ou moins longue le contrat serait peut-être perdu"
      "On s'est demandé si ce n'était pas mieux d'économiser que de faire une convention
      obsèques comme on a fait"
      "J'ai eu quelques doutes. Disons que parfois il vaut mieux laisser faire les choses. Il
      fut un moment où je me disais, j'ai le temps je verrais le moment venu. C'est un
      élément de décision que j'analyse et puis un moment donné peut être que le travail
      se fait derrière. Et puis je décide mais ce n'est pas sur un coup de tête, ça mûrit.



La levée des doutes s'opère plus par un travail personnel que grâce à une recherche
d'informations. Manifestement au moment où se prend la décision, les interviewés
disposent de toute l'information (commerciale) nécessaire pout faire le choix en toute
connaissance de cause. C'est pourquoi les personnes qui avaient des doutes avouent
ne pas avoir cherché de conseils ou d'informations supplémentaires.

Et puis, il y a ceux qui n'ont finalement pas signé. Les doutes qu'ils avaient étaient trop
forts pour aller jusqu'à la signature. La méfiance vis-à-vis du service rendu voire du
prestataire ont eu raison de l'accomplissement de la démarche. Et là encore, on ne peut
pas parler de recherche de conseils supplémentaires. La décision inverse est prise. Ils
ne signeront pas :

      "Je n'ai pas cherché d'autres informations pour vaincre mes doutes, j'ai laissé
      tomber ces pubs et toute cette idée".
      "Et bien quand j'ai vu que ce n'était pas clair, vous comprenez... Moi j'aime les
      choses nettes et eux ils ne sont pas nets".




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Les contrats de prévoyance obsèques : Pourquoi et comment y vient-on ?




3 LE PROCESSUS DU CHOIX DU CONTRAT



3.1 Un besoin d’informations relativement limité

Lorsque le désir de prendre en main l'organisation de ses propres obsèques est
manifeste, le processus est déjà largement engagé. On s'est documenté, on a parcouru
la littérature sur le sujet, souvent au travers de publicités ou de documents
commerciaux, et on se sent bien informé. On remarque déjà dans les propos tenus par
les interviewés que la recherche d'un compromis idéal prix / prestations n'est pas
généralisée. Toutes les propositions "techniques" sont perçues comme équivalentes, il
n'y a que le prestataire qui change.

      "C’était très clair"
      "Je me suis contentée de ce qu’ils ont envoyé, ce qu’il y avait à payer en fonction de
      ce que je demandais comme capital et c’est tout"
      "Nous n’avons pas été chercher bien loin. Les renseignements et le produit que
      nous proposait Norwich Union nous convenaient tout à fait"



Finalement, qu'est-ce qui change par rapport à des obsèques traditionnelles ? Le simple
fait de commanditer soi-même. Il est donc clair que l'essentiel des interrogations va
davantage porter sur des tarifs que sur d'autres détails organisationnels.

      "Les contrats sont assez explicites et il y avait un numéro où appeler en cas de
      questions. Je n’ai pas cherché 36000 choses. Ce que je voulais savoir, c’est
      combien ça allait me coûter et comment j’allais être enterré, que vous soyez
      incinéré, habillé en costume ou en robe de chambre, ça ne change rien, c’est pas
      sur ces détails là que j’ai traîné, c’est sur le fait de savoir combien ça allait coûter et
      la possibilité de se faire incinérer.
      "Combien cela allait me coûter, je ne voulais pas avoir de cercueil hors de prix "
      "Honnêtement je n'ai pas beaucoup cherché d'informations, je me suis contentée de
      ce qu’ils m’ont envoyé, de ce qu’il y avait à payer en fonction de ce que je
      demandais comme capital et puis c’est tout".




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Les contrats de prévoyance obsèques : Pourquoi et comment y vient-on ?


Sur l'aspect tarifaire si c'est probablement le coût global de la prestation qui suscite des
interrogations, certains interviewés affinent le codex des questions financières. Ainsi, on
se renseigne sur les financements, sur d'éventuelles indexations, etc…

      "Le prix, les augmentations de prix chaque année"
      "Le financement, pour que ça me coûte le moins cher mensuellement"


On se contente finalement d'une information générale sans vraiment entrer dans le
détail. L'information prise "à la volée" semble suffisante, sauf pour certains, peu
nombreux qui souhaitent "creuser" l'organisation des obsèques en elles-mêmes.

      "Déjà je voulais savoir comment ça se passe concrètement, quand on est mort, on
      est mort! Et si je meurs à l’hôpital?"




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Les contrats de prévoyance obsèques : Pourquoi et comment y vient-on ?




3.2 La première et principale source d’informations : la
      famille



Il ne s’agit pas ici véritablement d’une recherche d’information, qui est délivrée
essentiellement par les opérateurs, mais plus d’un besoin de se livrer à ses proches. La
discussion est souvent la simple communication d’une décision déjà arrêtée, la
recherche de conseil ou d'appuis auprès de ses proches est pratiquement inexistante.

      "J’ai juste dit à ma nièce que j’allais souscrire un contrat obsèques "
      "J’en ai parlé avec ma cousine, mais l’incinération choque encore beaucoup les
      gens de ma génération et de mon entourage; j’en ai parlé à mon demi-frère, sur le
      moment il n’a rien dit"
      "Avec les enfants, une fois, j’en ai parlé avant, je leur en ai parlé comme ça au fur et
      à mesure".
      "J'en ai parlé avec mon épouse lorsque c'était fait, sinon, non"



Peu de personnes "osent" poser des questions au-delà du discours tenu par les
entreprises. Et quand elles le font, c’est auprès de ces mêmes entreprises, comme un
complément d’informations. Après tous les experts sur ce thème sont les professionnels
du secteur. Qui mieux qu'eux peuvent renseigner ? Par ailleurs, les personnes
interrogées ont souvent manifesté l'impression d'être isolées dans la démarche, de ne
pas avoir de connaissances suffisantes sur ce sujet précis et d'un abord délicat.

      "Je me suis entretenu avec les conseillers PFG, personne d’autre. En fait ma
      décision était prise, j’avais surtout besoin de renseignements techniques. Pour le
      reste, j’étais sûre".
      "Non, je n'en ai parlé avec personne, j'ai juste demandé des précisions au garçon de
      la maison de pompes funèbre et j'ai demandé de la documentation aux organismes
      qui en parlent à la télévision".
      "J’ai redemandé quelques détails à ma compagnie d’assurance".
      "Non, je ne connais personne qui ait souscrit un contrat".




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On reste ainsi dans un jeu de "culbute" : à partir du moment où la décision de prendre
un contrat est prise, on ne relève pas d’exigences particulières.




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Les contrats de prévoyance obsèques : Pourquoi et comment y vient-on ?




3.3 La première motivation du contrat : ne pas laisser une
      "dette" derrière soi



Même si, la volonté de s'engager dans ce processus de prise en charge de ses propres
obsèques peut découler d'une combinaison de motivations bien distinctes, plus de la
moitié des personnes interrogées donnent comme motif essentiel à leur décision de
souscrire un contrat obsèques la volonté de ne pas laisser la charge financière de leurs
obsèques à leurs descendants. Ceci pourrait paraître parfaitement cohérent dans le cas
de personnes aisées et dont les enfants le sont moins. Mais on relève que ce
raisonnement va bien au-delà de ce cas de figure, y compris chez des personnes
modestes.

      "Nous ne sommes pas riches, nos enfants non plus, je ne voulais pas que cela leur
      soit une charge"
      "Je ne veux pas que ma femme soit dans le besoin quand je mourrai".
      "Pour ne pas être pris au dépourvu. Un contrat obsèques, c’est comme un
      investissement, un placement qui a pour but de garantir ses obsèques et mettre son
      conjoint et ses enfants à l’abri des soucis financiers…"



Il est vrai que cette charge financière, brutale et lourde, cristallise en partie l’inquiétude
autour des obsèques. On peut même avoir l'impression d'alléger la charge émotionnelle
des survivants en occultant2 la charge financière.



      "J’ai vu ma sœur qu’il a fallu aider financièrement, elle ne s’en sortait pas. Je ne
      veux surtout pas que cela se reproduise pour moi"



2
  Le terme occultant est ici assez bien adapté dans la mesure où, hormis une éventuelle amputation
fiscale, il s'agit d'un jeu à somme nulle. Ce qui est financé au moment du décès vient en déduction de la
transmission d'héritage. Or ce qui surprend c'est que ce point n'a jamais été abordé, y compris chez les
personnes ayant un argumentaire exclusivement financier.



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Les contrats de prévoyance obsèques : Pourquoi et comment y vient-on ?


      "C'est l'aspect financier qui prime parce que c'est dur de faire face à ça".



Bien sûr les arguments ne sont pas exclusifs les uns des autres. Une partie des
interviewés a dépassé le strict cadre financier pour y adosser une composante plus
"matérielle".

      "Les deux, le désir que l'on respecte ma volonté et que ça paie au maximum les frais
      qu'il y aurait".
      "C’est le tout, c’est effectivement l’aspect financier mais c’est aussi l’organisation.
      Pour avoir perdu des amis proches, je sais que c’était un bazar. S'il y a un
      organisme qui le fait ce n’est pas gênant de lâcher 10000, 15000, 20000 francs".
      " Les deux Ils n’auront pas de souci pour prévoir ce qu’il y a à faire, j’ai prévu moi-
      même, ça sera fait comme ça et puis c’est tout. Et puis il y a l'aspect financier".



Enfin, moins nombreux sont ceux pour qui la seule charge matérielle (organisation) a
déterminé la souscription. L'aspect financier n'est pas abordé même si, sur le fond, on
devine que la notion de "rendre service" à ses prochains ne peut pas faire totalement
abstraction des questions financières ; reste le tabou de l'argent après celui de la mort.
On décèle aussi dans les propos d'un interviewé la notion de "je paye donc je décide".

      " L’aspect matériel, et surtout pour pouvoir faire plaisir à mes enfants et faire graver
      une pierre levée où sera écrit quelque chose en mémoire de mon mari"
      "Réduire les démarches à ce moment là".
      "Je veux une incinération avec le cercueil le moins cher possible. J'ai aussi fait une
      liste des personnes à convier, je ne veux que ma famille et mes amis proches, je ne
      veux pas de gens que j'ai très peu vus au cours de ma vie et qui viendraient à mon
      enterrement".




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Les contrats de prévoyance obsèques : Pourquoi et comment y vient-on ?




3.4 Peu de "personnalisation" dans le choix du contrat
      obsèques



Dans une même logique, une fois que l’on a décidé de souscrire, on reste
particulièrement modeste sur les demandes particulières. On décèle dans l'ensemble
assez peu de réelles attentes dans le discours des interviewés. On ne manifeste pas de
désir marqué de personnalisation. Le choix est guidé par l'obligation. Il faut bien choisir
un cercueil, un type d'obsèques avec ou sans cérémonie, un lieu de repos etc… On
dépasse rarement ce cadre

      "Non, ça ne m'intéresse pas du tout"
      "Je m'en fiche, ça ne me concernera plus"
      "Rien de particulier"
      "J'ai fait le choix du principal, je dirais. J'ai sélectionné 3 musiques pour
      l'enterrement, Voilà quoi ! Je n'ai pas souhaité être dans une tenue particulière, je
      n'ai pas souhaité avoir quelque objet avec moi. Oui, j'ai quand même fait un choix,
      surtout celui des personnes que je ne voulais pas"



Le seul point qui soit nettement demandé et sans doute qui participe de la motivation,
c’est lorsque l’on souhaite une crémation. Celle-ci est au cœur du contrat, le reste des
obsèques étant finalement peu "investi".

      "Nous souhaitons être incinérés et placés dans notre caveau"
      "Oui, le choix, c'est surtout en ce qui concerne l’incinération. Je veux une cérémonie
      religieuse et ensuite que les cendres de mon mari et les miennes soient réunies
      dans la même urne".
      "Le choix c'est que je voulais être incinéré et que je ne voulais pas être enterré".
      "Rien de particulier puisque je ne veux pas de cérémonie religieuse et je veux être
      incinérée. J'ai choisi mon cercueil car comme je suis incinérée, il en faut un spécial
      pour ça".




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Les contrats de prévoyance obsèques : Pourquoi et comment y vient-on ?


Comme on le voit en ce qui concerne les cérémonies religieuses -et bien que cela
apparaisse normal de s'exprimer sur ce sujet, question de foi-, lorsque les attentes
s'expriment, c'est essentiellement par la négative. Le refus de prestations, de protocole,
l'envie de partir avec un cérémonial dépouillé, le plus simple possible, humble et intime
sont les sentiments qui semblent dominer. Cette modestie affichée ne va certes pas
dans le sens d'une valorisation des obsèques mais elle semble apparaître comme une
motivation de souscription qu'il convient de ne pas négliger.

      "Je ne veux surtout pas de fleurs, ni de cérémonie, surtout pas de service religieux.
      Je ne convie personne, la mort, c’est la mort on n’en parle plus".
      " Je ne veux pas de cérémonie religieuse; j’ai demandé à ce que mon avis de décès
      soit diffusé après mes obsèques, pour qu’il y ait le moins de monde possible, pour
      que mes fils aient le moins de monde à s’occuper "
      "Une cérémonie très simple, très modeste"
      "J'ai pris la conduite au funérarium, une crémation au Père Lachaise, le transport
      des cendres en Dordogne et le reste, c'est le plus simple possible, sans fleur ni
      couronne".
      "Ni fleur, ni couronne, ni cérémonie et personne derrière mon cercueil".


Cette apparente volonté de simplicité peut évidemment dissimuler des arguments
financiers.

      "Oui nous voulons le plus simple et le moins cher bien sûr car nous ne sommes pas
      riches, un cercueil le plus simple et une cérémonie religieuse simple, le minimum de
      fleurs".



Quelques demandes plus particulières s’expriment quand même. Souvent il s'agit de
précisions quant au type de cérémonie, ou portant sur certain point de l'organisation des
obsèques mais la plupart du temps, on ne peut pas parler de "personnalisation".

      "Je voudrais que l'entreprise s'occupe de la liaison avec la communauté religieuse,
      c'est très important et puis du cercueil, de la conception de tout ce qui peut être
      matériel".
      "J’ai choisi mes fleurs, ça ne doit pas être très courant ça. J’ai payé pour qu’on
      fleurisse ma tombe pendant dix ans. Je suis totalement athée mais j’ai demandé une
      messe pour les gens qui seront là et enfin, j'ai demandé à être enterré avec mon
      frère".




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Les contrats de prévoyance obsèques : Pourquoi et comment y vient-on ?


      "J'ai demandé à être enterré au côté de mon père et de mon oncle, sur la plaque :
      juste nom, prénom, année de naissance et de décès avec les mêmes caractères
      que ceux de mon père et de mon oncle.



Dont certaines non dépourvu d'humour, comme pour dédramatiser.

      "J'ai choisi un cercueil capitonné. Et oui, pour la route!"
      "J'ai aussi prévu mes habits pour ce jour, histoire que l'on ne m'habille pas avec une
      robe du soir"



Ces choix de personnalisation, lorsqu'ils ont été prononcés dans un sens positif, n'ont
pas pour autant constitué un argument en faveur du contrat obsèques..

      "Ce n’est pas l’idée première. Ce qui m’a motivée c'est que je ne voulais pas laisser
      aux enfants des ennuis"
      "Non, ce n’est pas le choix des options"
      "Non, c’était vraiment l’aspect financier qui m’a motivé"


On a vu, plus haut, qu'en revanche et hormis pour une minorité souhaitant faire
respecter son vœu d’incinération ou ses pratiques religieuses, l'inverse semblait plutôt
vrai. Les demandes "négatives" peuvent stimuler la demande de contrats même si la
motivation première est pratiquement toujours de ne pas transmettre une charge
supplémentaire à ses proches qu'elle soit financière ou autre.

      "Oui en quelque sorte, je suis sûre d'être incinérée et que mes volontés seront
      respectées3, c'est une forme de testament, mais j'ai souscrit ce contrat surtout pour
      éviter des soucis à mon frère".
      "Non, non, nous avons pris ce contrat uniquement pour soulager nos enfants d'un
      fardeau".




      3
         Cette personne déclarait au préalable :   "je ne veux surtout pas de fleurs ni de
      cérémonie surtout pas de service religieux, pas d'avis de décès, je ne convie
      personne. La mort, c'est la mort, les choses sont finies, on n'en parle plus". Volontés
      s'inscrivant pour le mieux dans un sens très négatif.




Crédoc / Promofunéraire                     octobre 2004                                        39
Les contrats de prévoyance obsèques : Pourquoi et comment y vient-on ?




3.5 La religion : une absente signifiante ?



Existe-t-il une corrélation entre le fait de prendre soi-même en main ses propres
obsèques et un rapport particulier à la religion ? L’étude, qualitative, ne permet
théoriquement pas de répondre nettement à cette question. Pourtant, la réponse
apparaît très clairement au fil des entretiens.

Tout d'abord, le dénombrement des religions rencontrées donne cela :

Sur 32 personnes interrogées, on recense 19 Catholiques dont 5 pratiquants, 9 athées
dont une qui l'est devenue au cours de sa vie, deux personnes juives non pratiquantes,
une protestante, également non pratiquante, et, enfin, une personne qui n'a pas
souhaité répondre. C'est cette dernière qui va d'ailleurs donner le ton de la réponse :

      "Mais qu'est-ce que vient faire la religion là dedans ?"



S'il y a un débat autour de la religion, il porte surtout sur la cérémonie religieuse. Il ne
porte pas sur la fomentation de l'idée ou de la décision de souscrire.



Chez les pratiquants on veut bien évidemment une cérémonie et là, le contrat ne résout
pas forcément toutes les volontés :

      "Maintenant dans ma famille, il n’y a plus beaucoup de pratiquants, j’espère que ce
      jour là ils feront un effort"



Chez les Athées, trois attitudes sont de mise, la première relève plutôt de
l'agnosticisme :

      "Je suis totalement athée mais j'ai demandé une messe pour les gens qui seront
      là…"




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Les contrats de prévoyance obsèques : Pourquoi et comment y vient-on ?


La deuxième consiste à occulter le sujet comme s'ils se fichaient d'avoir ou non une
messe.

      "Non cela ne m'a aucunement influencé, bon, je ne veux pas spécialement de
      cérémonie, je ne suis pas croyante et surtout je m'en fous".



Enfin, dernière attitude, s'assurer à tout prix que son athéisme sera respecté à la lettre.
Dans ce cas, les personnes avouent que la religion a joué un rôle, un rôle inversé
puisque la souscription d'un contrat obsèques lui apporte l'assurance qu'elle n'aura pas
à "supporter" une cérémonie religieuse. Les termes employés sont alors assez violents,
une sorte d'intégrisme dans la pensée athée.

      "Je suis profondément athée, je ne veux pas me retrouver avec une cérémonie
      religieuse, quelle horreur !"
      "Je suis athée depuis la mort de mon père, il a été élevé chez les curés et ils avaient
      des punitions terribles, je suis sûr que ça a tué mon père, que c'est ce qui l'a rendu
      fragile du cœur. Des fois il fallait qu'il reste une nuit entière les mains sur la tête à
      prier avec de l'eau jusqu'au cou, vous imaginez ! Les curés et la religion c'est ce qu'il
      y a de pire, je veux être sûr qu'il n'y aura pas de messe pour mes obsèques !"



C'est finalement de cette dernière catégorie dont on pourra dire que la religion -ou plutôt
l'anti-religion- peut jouer un rôle dans la souscription d'un contrat.



Mais dans l'ensemble, pour les pratiquants, les croyants, les agnostiques ou les athées,
un même leitmotiv, la religion n'a rien à voir dans cette démarche. La possibilité
d'organiser ses propres obsèques ne redéfinit en rien la notion de mort, d'au-delà ou
autres préceptes et ne remet absolument pas en cause le rapport (ou non) à la religion.
La religion peut intervenir au moment des obsèques ou du choix éventuel d'une
incinération (pour les catholiques surtout, bien que cette religion l'accepte aujourd'hui)
mais pas au niveau de la genèse de la décision de souscrire.

En revanche sur un plan plus pratique, hormis le choix de l'incinération, la religion peut
peser de son poids au niveau organisationnel des obsèques. L'exemple suivant montre




Crédoc / Promofunéraire                   octobre 2004                                            41
Les contrats de prévoyance obsèques : Pourquoi et comment y vient-on ?


bien que le choix de l'opérateur a été fait en fonction de la religion de l'interviewé, juive
en l'occurrence.

      "Ca a joué par le fait de la co-organisation des obsèques car dans la religion juive,
      on enterre pratiquement du jour au lendemain donc j'ai choisi une entreprise qui
      pourra réagir vite".




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Les contrats de prévoyance obsèques : Pourquoi et comment y vient-on ?



3.6 Au final peu d’obstacles ressentis pour les signataires



Une grande unanimité ressort des entretiens auprès des personnes qui ont signé un
contrat de prévoyance obsèques. Aucun obstacle majeur n'a été rencontré tout au long
du mûrissement du projet. Tout au plus certaines personnes ont exprimé des difficultés
à rassembler les fonds nécessaires à cette opération, mais autrement, et surtout
psychologiquement, rien.

      "Aucun obstacle, si ce n’est le temps que ça a pris"
      "Je n’en ai rencontré aucun. Pour moi, tout est moral là dedans. A ma mort, les
      autres resteront libres de faire ce qu’ils veulent pour moi"
      "Au contraire, ça a levé les obstacles financiers de l’enterrement"
      "Non, aucun. Ni même moralement. A partir du moment où j'ai dit ce que je
      souhaitais et qu'ils m'ont dit ce qu'il était possible de faire, il n'y a eu aucun obstacle.
      Financièrement non plus, je n'ai pas de problème financier. Je dirais que dans
      l'absolu, signer un contrat, c'est finalement peu de choses".



Tout au plus certaines personnes ont exprimé des difficultés à rassembler les fonds
nécessaires à cette opération, mais autrement, et surtout psychologiquement, rien.

      "C'est surtout du point de vue financier parce que, au début, quand je pensais à ce
      type de contrat, je n'avais pas l'argent alors j'ai remis à plus tard"
      "Non, pas de problème, juste celui de l'argent parce que j'en n'avais pas assez".




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Les contrats de prévoyance obsèques : Pourquoi et comment y vient-on ?



4 LA DEMARCHE PRECISE, LA SIGNATURE



4.1 Le passage à l'acte

Une fois la décision suffisamment mûrie, il convient de s'engager, se lancer dans la
démarche effective de souscription. Alors qu'est ce qui déclenche, un beau matin, le
départ chez un opérateur ?

Plusieurs contextes se présentent dont le premier en volume est une sorte de contexte
flou. Il n'y a pas d'élément particulièrement déclencheur. Un matin, effectivement, la
personne pense une fois de plus à l'organisation de ses obsèques mais ce matin là, il se
décide enfin à contacter l'opérateur auquel il a pensé. La personne se sent prête, son
travail psychologique est achevé.

      "Un jour j'ai pris rendez-vous, il n'y a pas eu d'événement particulier, c'était sans
      doute le moment".
      "A ce moment là, je me suis juste dit qu'il fallait que je le fasse"
      "J'étais décidée, je me suis lancée, il vaut mieux faire quand on est décidé car sinon,
      on traîne".
      "J'y ai pensé à ce moment. Tout simplement, J'ai pensé à maman, à mon mari, j'ai
      pensé que mon tour allait bientôt arriver"



Dans la même veine, le hasard d'une rencontre peut enclencher le processus.

      "Il n’y a pas eu de prise de rendez-vous, en faisant ma promenade je me suis
      arrêtée et on m’a renseigné. J’ai été dans deux lieux différents au cours de
      promenades différentes, j’ai comparé les prix, et j’ai décidé"



Dans quelques cas, un contexte propice au déclenchement apparaît. Il peut s'agir de
temps libéré pour accomplir sa démarche ou d'un facteur d'ordre médical qui incite à
comprendre qu'il est effectivement temps de signer.




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Les contrats de prévoyance obsèques : Pourquoi et comment y vient-on ?


      "J'étais débarrassée des problèmes de succession, vente de maison de ma mère,
      j'avais déménagé, j'étais enfin installée tranquille, j'ai pu y consacrer du temps et
      prendre rendez-vous".
      "C'est mon alerte au cœur qui m'a décidé. C’était plutôt qu'une alerte, pas vraiment
      un arrêt cardiaque, j’ai un peu exagéré. J’ai vu mon médecin et j’ai eu un traitement,
      C’est vraiment le déclencheur de la prise de rendez-vous"



Enfin, comme cela a déjà été plusieurs fois abordé pour expliquer la prise de
conscience de l'intérêt de la prévoyance obsèques, la genèse de l'idée et le mécanisme
de décision de souscrire, la publicité joue un rôle primordial. A chaque fois que la
publicité touche sa cible, cette dernière progresse dans les étapes. Dans le contexte
présent, la vue de "Maguelon" se transforme en message très clair : "Bon, maintenant,
je vais signer".

      "Le fait de trouver la publicité a tout déclenché parce que ça correspondait à ce
      qu'on voulait"
      "Je voulais le faire de toutes façons. J'étais devant la télévision et la pub PFG est
      repassée. Là, ce coup-ci, j'ai retenu le numéro et j'ai appelé tout de suite".




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Les contrats de prévoyance obsèques : Pourquoi et comment y vient-on ?




4.2 Le choix de l'opérateur



Une majorité des personnes interrogées se sont contentées d’une seule entreprise.
Rares sont les cas où il y a eu une démarche sérieuse de mise en concurrence et
pourtant, il existe plusieurs types de contrats à souscrire auprès de différents types
d'opérateurs. Pourtant lorsqu'il y a mise en concurrence, ce n'est manifestement pas
pour la diversité des offres ni celle des opérateurs.

       "Je me suis adressé à deux entreprises, elle m'ont fait un devis d'après ce que je
       voulais. J'ai choisi celle qui me donnait le plus d'assurance sur le respect de mes
       volontés. Ce n'était pas le moins cher"



Ce refus de mise en concurrence peut s'expliquer de la même manière que lorsque l'on
choisit un opérateur de pompes funèbres pour des obsèques. On n'en connaît pas
toujours plusieurs (en milieu rural la multiplicité de l'offre n'est pas courante) et surtout,
ce n'est pas un domaine dans lequel on se "sent" de négocier, sujet un peu tabou de la
mort et l'argent réuni. On s'en justifie en expliquant juste qu'on n'en voyait pas l'intérêt.

       "Non je ne souhaitais pas voir plusieurs entreprises celle-la me convenait et je
       savais ce que je voulais, de toutes façons c'est sûrement un peu partout pareil !"



En dehors des rares cas de mise en concurrence, l'entreprise est la plupart du temps
choisie parce qu’elle était déjà connue de la personne soit pour avoir déjà eu recours à
ses services lors d'obsèques soit parce qu'une connaissance a souscrit un contrat chez
eux.

       "J’ai appelé l’organisme de pompes funèbres où mes parents avaient souscrit leur
       truc, je leur ai demandé des explications et ils m’ont envoyé les infos mais j’ai eu pas
       mal de précisions sur le premier coup de fil".
       "Je la connaissais"
       "Celle-là, on la connaissait, elle a enterré mes parents, je savais ce que je voulais..."




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Les contrats de prévoyance obsèques : Pourquoi et comment y vient-on ?


      "C'était surtout d'ordre sentimental. J'ai souscrit mon contrat chez les PFG qui
      s'étaient occupées des obsèques de mon mari"
      "Maison Argault. Je vois le monsieur souvent, il est du quartier, c’est bien, ça reste
      près de chez nous. Pas besoin d’aller ailleurs"



La publicité joue également ici convenablement son rôle. Mais il s'agit d'une cible plus
minoritaire. Le message est passé et la notoriété est acquise même si la publicité vue
ou reçue est très ancienne.

      "Je connaissais la maison parce dans le temps, les concierges donnaient des
      adresses de pompes funèbres, la maison PFG et Roblot par exemple. Elles avaient
      toujours des prospectus, c'est comme ça que je connais".
      "J’ai appelé les PFG à cause de la publicité de Maguelon…"
      "J’ai reçu beaucoup de publicité et il y en avait une que je connaissais de renom"



Enfin, une personne a déclaré avoir choisi "par hasard" l'entreprise auprès de qui elle
s'est adressée

      "Une seule, choisie dans la rue en passant"



Concernant les personnes qui ont souscrit auprès d'établissements financiers, la
démarche diffère un peu dans la mesure ou la plupart étaient déjà clients soit de la
banque soit de la mutuelle auprès de qui elles ont signé.

      "Ma mutuelle, je la connaissais depuis mon mariage"
      "Je n'ai été voir que mon assureur parce que mon appartement y est assuré et ma
      mobylette aussi".
      "Non, juste ma banque, généralement c'est le genre de produit que l'on prend à
      l'endroit où l'on a le reste"




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Les contrats de prévoyance obsèques : Pourquoi et comment y vient-on ?



4.3 La prise de contact

La prise de contact se fait, la plupart du temps, le plus simplement du monde. Un appel
téléphonique, un déplacement sont les préalables à une entrevue approfondie avec
l'opérateur. Ainsi, un tiers des personnes interrogées a téléphoné, puis a reçu un
commercial chez lui. Il s'agit exclusivement, dans ce cas d'opérateurs de pompes
funèbres.

      "Une dame très gentille est venue, pas commerciale du tout ce qui était très bien."
      "Ils sont venus à la maison. Je les ai appelés, en fait le monsieur des Pompes
      Funèbres je le connaissais…"
      "Nous avons pris rendez-vous avec un monsieur qui est venu chez nous nous
      expliquer les différentes sortes de contrats, nous avons réfléchi puis nous l'avons
      rappelé pour lui communiquer notre choix. Nous avons repris un rendez-vous pour la
      signature"



Un autre tiers s’est rendu chez un opérateur, pour un premier contact et afin de prendre
rendez-vous pour la signature du contrat, toujours chez l'opérateur. Dans ce cas encore,
il s'agit majoritairement de contrats se soldant par une prestation effective d'obsèques
au sein de la même maison, et non chez un assureur. En effet, on imagine mal
contracter à distance lorsqu'il est nécessaire d'effectuer des choix de prestations et de
produits. Toutefois certaines personnes se déplacent même s'il n'y a pas de prestations
d'obsèques.

      "Je me suis déplacée une première fois, je me suis renseignée, j’ai convaincu mon
      mari, nous avons repris rendez-vous par téléphone et y sommes allés ensemble"
      "Je me suis déplacé. J’ai demandé des renseignements, on m’a conseillé, tout s’est
      passé sur place, comme ça. J’ai choisi le montant des obsèques, j'ai réfléchi un peu
      et je suis revenu quelques temps après pour signer le contrat"
      "Je suis rentrée dans le magasin, on m'a dit qu'il fallait prendre un rendez-vous,
      alors j'ai pris un rendez-vous.
      "Lors d'un rendez-vous avec ma banque, je suis allé me renseigner aussi pour ça
      puisque j'avais vu un prospectus".



Enfin, un dernier tiers a fonctionné uniquement par correspondance (téléphone,
courrier). Dans ce dernier cas, il s'agit exclusivement de contrats dont la prestation


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Les contrats de prévoyance obsèques : Pourquoi et comment y vient-on ?


d'obsèques n'est pas assurée directement par l'opérateur, donc généralement souscrits
auprès d'intermédiaires financiers.

      "Je leur ai demandé de m’envoyer des trucs, j’ai reçu le contrat et les explications,
      j’ai rempli et renvoyé"
      "Tout s’est passé par courrier et téléphone"
      "Avec ma banque, j'ai reçu les papiers à remplir et ça s'est passé comme ça. J'ai
      trouvé que c'était sérieux et ça a été très vite."




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Les contrats de prévoyance obsèques : Pourquoi et comment y vient-on ?




4.4 Un accueil et des entrevues unanimement appréciés



Pratiquement toutes les personnes interrogées qui ont signé un contrat ont souligné la
qualité de l'accueil et des contacts avec leurs interlocuteurs. La psychologie est bien
évidemment de rigueur pour aborder un sujet assez difficile et les opérateurs semblent
l'avoir bien compris.

      "Contact très très bien, les gens étaient chaleureux et courtois"
      "Le contact était excellent et la discussion relativement agréable si l'on considère le
      sujet".
      "L'accueil était très bien, la preuve, j'ai signé tout de suite"
      "L'entretien s'est déroulé à la maison, tous les deux. Ca s'est très bien passé, on a
      parlé de tas de choses, c'était très convivial, comme si on se connaissait depuis
      longtemps. C'était une personne très avenante, pas fière. Ca m'a fait une très bonne
      impression"



La décision est longue à mûrir, le processus est fragile, on a vu précédemment que
même s'il n'était pas clairement avoué, on ressentait toujours une sorte de doute dans
les discours, c'est pourquoi l'étape finale se doit d'être menée avec tact.

      " L’accueil a été très agréable, tellement que je pense que si elle avait été "normale",
      moins sympa, je lui aurais demandé un délai de réflexion avant de signer, mais là
      non, j’ai signé tout de suite."



Une anomalie toutefois dans le panel des personnes interrogées : une personne qui n'a
d'ailleurs finalement pas signé de contrat, justement pour cette raison.

      "La façon dont le commercial m'est tombé dessus pour me parler de cela ma fait
      l'effet d'une douche froide ! Je crois que c'est ce qui dès le début, m'a rendu
      réticente à ce type de contrat"



Sans émettre de doute sur le professionnalisme des "commerciaux", cette perception
exclusivement positive est peut-être à mettre également sur le compte de deux

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Les contrats de prévoyance obsèques : Pourquoi et comment y vient-on ?


phénomènes. D'une part, il s'agit d’un autre rapport aux obsèques. Les personnes
concernées ont déjà eu à faire avec des Pompes Funèbres, dans des circonstances
brutales et douloureuses. Le contexte présent est beaucoup plus détendu, et permet de
l’humour sur soi.

      "Oui, agréable, c’était jovial au contraire, on a parlé de ça normalement".



D'autre part, on remarque une absence fondamentale d’attente due probablement à une
décision déjà effective. Le commercial n’a pas vraiment à convaincre des convaincus,
mais plus à expliquer sans forcer.

      "Le monsieur était très bien, très gentil. Il n’essayait pas de vendre à tous
      prix, il a entendu mes demandes, pas de fleurs, pas de ceci, et il a pris note,
      c’est tout".



Quelques personnes sont toutefois restées sur leur faim concernant les explications
fournies :

      "Oh oui, pour l'accueil, ça va, pour les explications ce n'est pas clair".



Au final, on retiendra que les entretiens ont été courtois, et agréablement ressentis mais
que les professionnels n'étaient là, en quelque sorte, que pour la signature d'un acquis.




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Les contrats de prévoyance obsèques : Pourquoi et comment y vient-on ?




4.5 Des contrats très divers



Le premier constat que l'on peut faire à l'écoute des personnes interrogées c'est que
ces dernières connaissent parfaitement bien le contenu de leur contrat. Et quand on
étudie ceux-ci, on voit qu’il n’en est pas un semblable à l’autre.



Très logiquement, les personnes qui ont contracté une prévoyance obsèques, ont bâti
une prestation sur mesure pour elle-même. Le principe de prévoyance ne joue ici aucun
rôle. En effet, Elles choisissent une prestation pour elle comme elles auraient pu choisir
une prestation pour quelqu'un d'autre en fonction des volontés exprimées préalablement
au décès. Chacun ses envies propres. Par conséquent, autant de contrats différents
que de personnes interrogées.

      "Conduite au funérarium, crémation au Père Lachaise, transport des cendres en
      Dordogne et le reste, le plus simple possible, sans fleur ni couronne"
      "Le cercueil haut de gamme, le salon funéraire, les fleurs sur le cercueil, la voiture,
      la préparation du corps..."
      "Il y aura une petite réunion pour parler de moi. Il y avait un choix de 3 musiques, je
      les ai sélectionnées, en tous cas, celles qui me plaisaient".



Pour quelques-uns, aucun doute, tout est prévu dans les moindres détails. Les proches
seront libérés de tout, un objectif en soi.

      "J'ai la cérémonie, les fleurs, le cercueil, la réouverture du caveau, les gravures, le
      transport en Seine-et-Marne et toutes les démarches administratives, bref, j'ai tout
      prévu".



Il est à souligner que les personnes ayant contracté auprès d'établissements financiers
se soucient beaucoup moins de l'aspect purement matériel des obsèques. Certains ne




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Le contrat obseques
Le contrat obseques
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  • 1. "Les contrats de prévoyance obsèques : Pourquoi et comment y vient-on ?" Etude réalisée pour l'association Promo-funéraire Juillet 2004 Nicolas FAUCONNIER Département Consommation – Marketing 142, rue du Chevaleret – 75013 Paris 01 40 77 85 60
  • 2. Les contrats de prévoyance obsèques : Pourquoi et comment y vient-on ? SOMMAIRE Contexte et objectifs p4 Méthodologie p6 1 Ce qui amène à se poser la question de ses propres obsèques p8 1.1 Une cible assez isolée p8 1.2 La mort devient un sujet de préoccupation récurrent p 10 1.3 Deux attitudes concernant sa propre mort p 14 1.4 Les enseignements tirés des expériences douloureuses p 17 2 La décision de prendre un contrat obsèques p 21 2.1 De nombreuses occasions, très diverses, conduisent à penser au contrat obsèques p 21 2.2 Une "maturation" rapide p 26 2.3 On souscrit également en ménage p 28 2.4 Une fois la décision prise, peu de doutes p 29 3 Le processus du choix du contrat p 31 3.1 Un besoin d’informations relativement limité p 31 3.2 La première et principale source d’informations : la famille p 33 3.3 La première motivation du contrat : ne pas laisser une "dette" derrière soi p 35 3.4 Peu de "personnalisation" dans le choix du contrat obsèques p 37 3.5 La religion : une absente signifiante ? p40 3.6 Au final peu d’obstacles ressentis pour les signataires p 43 Crédoc / Promofunéraire octobre 2004 2
  • 3. Les contrats de prévoyance obsèques : Pourquoi et comment y vient-on ? 4 La démarche précise, la signature p 44 4.1 Le passage à l'acte p 44 4.2 Le choix de l'opérateur p 46 4.3 La prise de contact p 48 4.4 Un accueil et des entrevues unanimement appréciés p 50 4.5 Des contrats très divers p 52 4.6 La question du financement p 54 4.7 L'après contrat p 56 4.8 Un bilan (avant l’heure) p 60 Conclusion p 66 Annexe : le guide d'entretien p 70 Crédoc / Promofunéraire octobre 2004 3
  • 4. Les contrats de prévoyance obsèques : Pourquoi et comment y vient-on ? Contexte et objectifs de l'étude Depuis 1999, Promofunéraire, organisme consulaire regroupant différents métiers de la filière funéraire, réalise chaque année une ou plusieurs études permettant à la profession de mieux connaître les différents aspects constitutifs de l'univers des obsèques, aussi bien d'un point de vue économique que d'un point de vue comportemental. Ainsi ont déjà été abordés des thèmes aussi différents que l'économie de la filière, le vécu et la perception du deuil et des obsèques, deux regards sur le cimetière l'un côté citoyen, l'autre côté municipalité et, enfin la crémation. Aujourd’hui, l’un des éléments d’actualité, rencontrant une forte progression depuis quelques années, concerne la prévoyance obsèques et plus précisément la prévoyance dans sa déclinaison de contrat de prestation. En effet, il existe différentes formes de prévoyance dont certaines sont très cousines avec l'assurance vie et qui ne comprennent nullement de prestation d'obsèques mais simplement le versement d'un capital au bénéficiaire en vue (ou non) de financer la prestation d'obsèques. Il s'agissait donc par le jeu de l’étude présente d'approcher la prévoyance associée à une prestation packagée ou personnalisée des obsèques et souscrite aussi bien auprès d'opérateurs funéraires que d'organismes de prévoyance ou de bancassurance. Même si la prévoyance de ses propres obsèques, phénomène relativement récent, reste minoritaire, elle semble susciter un intérêt de plus en plus marqué. En effet, elle progresse en suivant un rythme de croissance soutenu en termes de contrats souscrits - on parle d'une croissance annuelle de 25%-, en témoignent également le nombre important et la diversité des acteurs proposant aujourd'hui ce service. Crédoc / Promofunéraire octobre 2004 4
  • 5. Les contrats de prévoyance obsèques : Pourquoi et comment y vient-on ? La question centrale de cette étude est : comment en vient-on à souscrire un contrat de prévoyance obsèques ? Quelle est la motivation fondamentale de cette démarche, comment se façonne-t-elle et comment se transforme-t-elle en acte ? Plus précisément, ce travail avait pour objectif de répondre aux trois interrogations suivantes : - Analyser la perception, du contrat obsèques dans la vision des obsèques. Comment s'inscrit-il chez le vivant dans la perspective de son départ ? En tant qu'élément de rassurance, de tranquillité ? Comme élément de modernité ? Comme une aide aux descendants… ? - Comprendre les motivations qui poussent à s'y intéresser et éventuellement à le souscrire et, a contrario, les freins qui peuvent en détourner une partie de la population. De quelle nature : psychologique, histoire de famille, économique, rapports délicats avec les organismes… - Etudier les modalités de prise du contrat obsèques, y repérer d'éventuels handicaps afin de travailler sur des voies d'amélioration, des pistes d'évolution… L'objectif sous-tendu étant de mieux comprendre ce segment de marché pour mieux le dynamiser, il était également primordial d'analyser parallèlement les principaux freins à la souscription. Crédoc / Promofunéraire octobre 2004 5
  • 6. Les contrats de prévoyance obsèques : Pourquoi et comment y vient-on ? Méthodologie Comme il s'agissait avant tout de comprendre une démarche individuelle -ou de couple- qui revêt un caractère très intime, voire difficile, et de mettre à plat toute la relation entre le souscripteur et le contrat de prévoyance, l’étude présentée dans ce rapport repose sur la réalisation d’entretiens qualitatifs approfondis. Cette méthode permet en effet : - Par sa semi-directivité, de respecter la logique de pensée de chaque interlocuteur et d’adapter le questionnement au cas par cas ; - Par sa nature individuelle, de respecter la dimension personnelle des propos tenus, de l’expérience vécue par l’interviewé ; - Par le nombre des entretiens et l’hétérogénéité des interlocuteurs, de proposer une approche diversifiée du sujet et de prendre en compte un nombre important, sinon exhaustif, de situations différentes. L’échantillon L’étude a été menée auprès : - de personnes ayant souscrit un contrat de prévoyance obsèques via un opérateur funéraire, Crédoc / Promofunéraire octobre 2004 6
  • 7. Les contrats de prévoyance obsèques : Pourquoi et comment y vient-on ? - de personnes ayant souscrit un contrat de prévoyance obsèques dans d’autres organismes (mutuelle, société de prévoyance, assurance), - et enfin sur une cible ayant renoncé à souscrire soit dès l'évocation même de l'idée, soit au cours du processus menant à l'achat de la prestation. Ce sont au final 32 personnes qui ont été interrogées, lors d’entretiens d’une durée de 1 heure 30 à 3 heures, de la mi-avril à la mi-mai 2004 : Formule contrats obsèques prime primes primes non Total unique périodiques viagères souscrit Homme 5 4 4 4 17 Femme 5 3 3 4 15 Cadre sup, prof libérale 3 2 2 3 10 Prof Interm, artisan, com. 4 3 3 3 13 Employé, ouvrier 3 2 2 2 9 60-70 ans 4 3 3 4 14 Plus de 70 ans 6 4 4 4 18 Opérateur funéraire 5 4 4 0 13 Autre opérateur 5 3 3 0 11 Plus de 100.000 habitants 4 3 3 3 13 20 à 100.000 habitants 3 2 2 3 10 Rural, moins de 20.000 h. 3 2 2 2 9 Paris RP 3 2 2 3 10 Province 1 3 1 2 2 8 Province 2 2 2 1 2 7 Province 3 2 2 2 1 7 Total 10 7 7 8 32 On trouvera le guide d'entretien en annexe. Crédoc / Promofunéraire octobre 2004 7
  • 8. Les contrats de prévoyance obsèques : Pourquoi et comment y vient-on ? 1 CE QUI AMENE A SE POSER LA QUESTION DE SES PROPRES OBSEQUES 1.1 Une cible assez isolée Les personnes recrutées pour cette étude étaient par définition déjà assez âgées. Ce choix s’imposait à l’analyse des données sur les actuels contractants, la grande majorité souscrivant leur contrat obsèques après la soixantaine. Par contre, nous n’avions pas émis d’hypothèses particulières sur d’autres caractéristiques, et en particulier sur les relations que les contractants entretenaient avec leur famille. L’isolement, la solitude sont un critère important, nous semble-t-il, pour définir une partie de cette population : ainsi, sur les 32 personnes interrogées, 23 vivaient seules et parmi elles, 6 n’avaient pas d’enfant (vivant du moins). "Je vis seul. Ma femme qui est atteinte de la maladie d’Alzheimer est dans un institut spécialisé" "Je suis célibataire et je vis seule. J’ai une sclérose en plaque depuis l’âge de 21 ans, alors vous comprenez…" "Ma fille est décédée en 1967 d’une leucémie foudroyante…" Le fait d’avoir des enfants n’implique pas forcément que l’on s’entende bien avec eux ou, même si c’est le cas, qu’on les voit souvent, qu’on les "ait" à proximité ou encore que la situation familiale soit des plus simples. La mésentente avec des descendants ou des personnes de la famille qui pourraient éventuellement s’occuper de soi est un trait que l’on retrouve dans plusieurs profils de personnes interrogées : "Ma fille habite à Aire sur la Lys. Nos rapports sont exécrables ; ma fille est une malade, je la traite comme une malade" Crédoc / Promofunéraire octobre 2004 8
  • 9. Les contrats de prévoyance obsèques : Pourquoi et comment y vient-on ? "J’ai une fille de 43 ans qui habite Saint-Chamond, avec qui je ne m’entends pas très bien, ça dépend des moments" "Je ne vois plus mon fils" "Mes enfants, je ne les vois plus… Sinon, je me sens assez proche de mes cousines" L’éloignement est également un paramètre qui peut jouer dans l’impression d’une certaine solitude : bien s’entendre avec sa progéniture est une chose qui comble l’affect, mais en vivre séparé, éloigné, suscite les regrets et, surtout, une certaine inquiétude. "Elle vit en banlieue. On se voit une fois tous les deux – trois mois parce que, d’abord, les transports ça coûte cher, et en plus parce qu’elle a un mari et trois enfants…Mais je ne me vois pas comme abandonnée, même s’il y a des moments pas faciles…" "J’ai des cousins à Lyon du côté de ma femme, on les voit deux fois par an à Noël ou pour le jour de l’an, et à la Toussaint… C’est sûr, quand je ne serai plus là, ou ma femme, celui qui restera sera bien seul…" "Je n’ai pratiquement plus de famille ; ma femme a sa famille, sa mère, ses oncles et ses tantes qui vivent en Corse" Restent des personnes plus insérées dans un cercle familial qui, toutefois, ne représentent pas la majorité de nos interviewés : "Ils ne sont tous pas loin. Un à Mons, un à Hellemmes et un à Tourcoing. J’ai des rapports journaliers et je les ai souvent à manger le midi ; nous sommes très unis" "Mon fils qui habite tout près, je le vois régulièrement. D’ailleurs, mon petit-fils vient manger tous les midis, et le soir il vient faire ses devoirs". Enfin, les évolutions sociétales passées, actuelles et encore à venir font que l'on peut trouver des cas familiaux un peu plus complexes ayant des répercutions évidentes sur l'organisation de sa vie et de ses choix quotidiens : "Nous avons été mariés deux fois tous les deux. Ma femme avait deux enfants et moi cinq dont un est aujourd'hui décédé. Et nous avons eu une fille ensemble. Aujourd'hui je ne vois plus qu'un seul des enfants de mon premier mariage à cause de mon divorce. Mes enfants affectifs ce sont ceux de ma femme actuelle"… Si les ascendants ou descendants directs, ceux-là mêmes normalement "habilités" à s'occuper du décès, font parfois défaut par la force des choses ou des caractères, les Crédoc / Promofunéraire octobre 2004 9
  • 10. Les contrats de prévoyance obsèques : Pourquoi et comment y vient-on ? personnes rencontrées dans le cadre de cette étude mentionnent pratiquement toujours un lien avec une personne de la famille plus ou moins éloignée. "Je suis fille unique, j'ai juste une cousine". "Je suis fille unique et je n'ai plus de famille. Du côté de mon mari, j'ai une belle sœur avec qui je suis proche" "Mes belles sœurs, nous sommes très unies". Mais ces relations n'obligent en rien au sens légal, donc moral, à assumer les démarches liées au décès d'une personne. De plus, il y a la retenue, celle qui ne permet pas d'aborder un sujet aussi difficile avec un neveu ou une belle sœur contrairement à une situation où l'on s'adresserait à l'un de ses enfants. Ces situations apparaissent en ce sens potentiellement génératrices de prévoyance. Si l’on ne peut donc réellement parler d’isolement pour l’ensemble des personnes interrogées, on voit bien qu’une part importante d’entre elles vivent dans un état plus ou moins grand de rupture des liens sociaux ou affectifs. La retraite d’abord, la vieillesse ensuite sont deux facteurs qui génèrent une inquiétude, propice, comme on le verra, à s’intéresser de plus près à ce qu’il va advenir de soi. Les personnes interrogées étaient pour une majorité d’entre elles dans un état d’esprit où elles savaient, ou du moins imaginaient, ne plus pouvoir compter sur les autres. 1.2 La mort devient un sujet de préoccupation récurrent Dans une logique naturelle, plus on atteint un âge certain, et plus on est certain de voir mourir des proches. Toutes les personnes interrogées ont donc connu des décès, organisé des obsèques, vécu des moments douloureux. Pour autant, toutes n’ont pas été marquées de la même façon, dans la même mesure. Si la mort d’un proche est, Crédoc / Promofunéraire octobre 2004 10
  • 11. Les contrats de prévoyance obsèques : Pourquoi et comment y vient-on ? d’évidence, une expérience traumatisante, c’est sur ses circonstances, voire sur la célébration des obsèques que l’esprit va se concentrer. Quatre types d’expériences sont particulièrement marquants, selon les personnes. 1.2.1 Majoritairement : un traumatisme affectif, lié à la perte de personnes aimées Le premier type relève de l’attachement porté au disparu : il est de nature purement affective, marque durablement, et fait surtout prendre conscience de l’inéluctabilité de la mort. L’expérience est souvent ancienne, remontant au premier proche décédé. Pour autant, elle demeure vivace dans l’esprit et le cœur, et constitue le début d’un travail sur soi. Sans renvoyer aux travaux précédemment réalisés sur le même thème, on peut citer quelques verbatims illustrant cette tendance : "Celui de mes parents, je les aimais…" "Celui de mon père, j’avais cinq ans, je me suis caché dans la pièce pour le voir, à l’époque on veillait encore les morts, et puis celui de ma femme" "Quand ma fille est morte, la vie s’est arrêtée. Depuis, j’attends le mien" "C’était ma mère, c’était une perte très lourde, très douloureuse pour moi". "Celles de mes parents, on s'en souvient toute sa vie, ce qui marque avant tout c'est la disparition, il y a un énorme choc affectif, c'est indépendant des obsèques qui ne sont en fait que des formalités" Le travail de deuil qui s’effectue à ce moment n’en finit jamais réellement, il est un début de préparation à sa propre disparition. Il est alors réactivé plus ou moins régulièrement par d’autres décès : "Puis il y a eu mes oncles, mes tantes, mon beau-frère…" "Après ma fille, c’est mon mari, puis ma sœur…" "La mort de mes neveux…" "A partir de là, j’ai eu l’impression que ça n’a pas cessé… Oui, évidemment, c’est à partir de ce moment que j’ai commencé à penser à moi, à ce qui se passerait…" Crédoc / Promofunéraire octobre 2004 11
  • 12. Les contrats de prévoyance obsèques : Pourquoi et comment y vient-on ? A partir de l’événement "fondateur", d’autres "accidents" peuvent survenir qui font prendre conscience de tout ce que l’on ne voudrait pas pour ses propres obsèques. 1.2.2 L’impréparation Plusieurs personnes conservent un souvenir particulièrement négatif d’obsèques, fondé sur la vision de l’impréparation des familles. Autrement dit, c’est à ce moment là que ces personnes ont pris conscience du poids que cela pouvait représenter, et du fait que, surtout en cas de décès brutal, le trouble affectif peut s’aggraver de difficultés pratiques. "Ca a été compliqué, rien n’était préparé. Il n’y avait pas d’argent". "Cela a posé des problèmes de famille, personne n’était d’accord, ça a été terrible" "Les obsèques de ma mère m’ont beaucoup marqué. C’était une mort brutale, il y avait toutes ces démarches pas faciles à faire, surtout quand on est malvoyante…" De l'impréparation naît déjà l'idée que la prévoyance des obsèques peut réduire cette sensation désagréable d'être pris au dépourvu et "adoucir" en partie la douleur morale en allégeant la difficulté d'organiser des obsèques. "Si tout est prévu à l'avance pour les obsèques, c'est plus supportable pour ceux qui restent, pour ceux qui doivent tout faire à ce moment là (curé, faire-part, cercueil ), il vaut mieux que ce soit quelqu'un d'autre qui prenne cela en charge, ça soulage les personnes touchées". 1.2.3 Le moment des obsèques : on peut se heurter en plus à des situations dérangeantes… En plus de la douleur liée au décès proprement dit, les obsèques apportent parfois leur lot de mauvaises images, de moments détestables voire de situations improbables. Ces situations encouragent certainement les personnes qui y ont été confrontées à entamer une réflexion sur le déroulement de leurs propres obsèques. Crédoc / Promofunéraire octobre 2004 12
  • 13. Les contrats de prévoyance obsèques : Pourquoi et comment y vient-on ? "Ce n’était vraiment pas le moment de se tirer dans les pattes" "Mes parents, ce n'étaient pas des parents ils n'ont jamais voulu voir mes enfants ni mes petits enfants. Ils m'ont mis hors de la famille qui nous a quand même envoyé un faire-part et quand on est arrivé là-bas on nous a laissé de côté". "Cela a posé des problèmes de famille, personne n’était d’accord, ça a été terrible" 1.2.4 Le refus du protocole, de l’hypocrisie du moment : Toujours au moment des obsèques, apparaissent certaines réactions épidermiques quant au déroulement de la cérémonie. C'est là qu'on se forge une opinion a minima sur ce que l'on ne souhaiterait jamais voir ou avoir le jour de sa cérémonie. La tradition conserve une place importante dans le protocole des obsèques qui ne convient pas forcément à tous. Par défaut, sans instruction, cette tradition tendra encore souvent à s'appliquer et cela choque. "Ce qui m’a dégoûté c’est ces guignols de curés qui racontent n’importe quoi alors qu’ils ne connaissent même pas les gens qu’ils enterrent" "Il a fallu tout assumer, le monde, le convoi à l'ancienne jusqu'au cimetière sous une chaleur d'enfer, et puis tout ce monde à gérer après !!! C'était terrible dans tous les sens du terme, moralement physiquement. Toute cette cérémonie grandiloquente, ridicule usante, la mort c'est la mort c'est tout" "Quelle dureté au Portugal avec la religion, l'attitude des gens, toutes ces soi-disant traditions,… terrible ! Toutes ces situations marquantes amènent l'individu à réfléchir sur la manière dont cela se passera quand ce sera son tour. On trouve ici déjà plusieurs origines, même si ce ne sont pas les seules à la volonté de souscrire à l'idée d'une prévoyance obsèques. Et toutes ces situations sont forcément des fixateurs de l'idée qu'un jour tout le monde meurt et qu'il faudra bien passer par-là. Mais tous n'y songent pas de la même manière, quand ils y songent. Crédoc / Promofunéraire octobre 2004 13
  • 14. Les contrats de prévoyance obsèques : Pourquoi et comment y vient-on ? 1.3 Deux attitudes concernant sa propre mort Deux attitudes opposées ont été observées. Une première, majoritaire, rassemble les personnes qui pensent à leur mort, soit de manière obsessionnelle soit de manière plus sporadique, une deuxième est l'évitement, on ne souhaite pas y penser. 1.3.1 Ceux qui pensent à leur propre mort 1.3.1.1 On vit avec La mort est inévitable, latente parfois, on vit avec. De toutes façons, en a-t-on réellement le choix. La maladie est là, le chemin est tout tracé, c'est programmé. On sent ces personnes là résignées, dans l'attente de l'événement avec la crainte que la maladie s'éternise, que la mort ne les guérisse pas assez vite. "J'y pense assez fréquemment, je dirais depuis une dizaine d'années, depuis que j'ai vu mon pneumologue. Ca m'inquiète des fois. J'espère que ça va être rapide et puis voilà." "Je sais depuis quelques mois que je suis atteinte d’un cancer de la moelle; j’y pense à tous moments". "Depuis cinq ans où j’ai eu un problème cardiaque. Je ne peux pas faire autrement que d’y penser". La disparition de proches marque les bornes de sa propre vie. Conscients des conséquences fatales du vieillissement mais repoussant le plus loin possible l'idée de la mort, une grande proportion des interviewés avouent que la disparition d'un proche du même âge ou, pire, plus jeune, les obligent à ouvrir les yeux sur leur propre sort à l'échéance. Machinalement un décès marque et chaque épreuve vécue agit comme une piqûre de rappel dont l'effet est plus puissant à chaque fois. "Depuis la mort de mon mari. Je sais bien que je vais partir un jour" "La mort ne m'inquiète pas, je ne tiens plus à la vie, je pense beaucoup à me suicider et je pense que je le ferais, Je ne suis plus du tout croyante, leurs propos [ceux des religieux] sont tellement absurdes ! la mort est une fin, point final ! Peut être la mort de ma fille y est pour quelque chose, je crois que je ne m'en suis jamais remise". Crédoc / Promofunéraire octobre 2004 14
  • 15. Les contrats de prévoyance obsèques : Pourquoi et comment y vient-on ? "La preuve que j'y pense souvent puisque j'ai pris un contrat. J'y pense depuis la mort de Maman, cela fait 22 ans "J’y pense depuis que mon mari est parti, ça va faire 5 ans. 1.3.1.2 On y pense de temps en temps Pour les mêmes raisons que précédemment, on pense à la mort mais de manière moins obsédante, soit depuis toujours car la voie est ainsi tracée : une naissance, une vie, une mort… " Oui, parfois. Des fois on se demande comment ça va se passer" "Oui, ça m'arrive mais je dis aux enfants qu'ils ne doivent plus s'en faire, le plus beau est derrière moi. Je crois que j'y ai toujours pensé, la mort ne me fait pas peur, c'est un passage". "Depuis toujours, j’y pense à certains moments sans appréhension, c’est l’aboutissement normal de la vie" …soit depuis la survenue d'un événement particulier : là encore un décès, une maladie, la contraction de prévoyance ou encore… de la publicité. Dans ce dernier cas, la publicité survient comme un révélateur, faisant prendre conscience aux "insouciants", à ceux qui refoulent l'idée, que la mort interviendra un jour et qu'il vaut mieux s'y préparer. "Oui, à certains moments, parce que ça donne à réfléchir avec la mort de mon beau- frère" "En février, je suis allée à l'hôpital et cela donne à réfléchir et là, je pense à mes enfants et petits enfants". "Depuis que j'ai signé, j'y pense un peu plus parce que forcément, au moment de la signature, on a visualisé des choses de la cérémonie, alors forcément…" "On y pense toujours, arrivée a un certain âge et puis on reçoit des publicités par la poste alors on regarde, on lit ce qui est proposé et ça y fait penser". Crédoc / Promofunéraire octobre 2004 15
  • 16. Les contrats de prévoyance obsèques : Pourquoi et comment y vient-on ? 1.3.2 Ceux qui n'y pensent pas Ils sont en fait très minoritaires. Ici, l'étude introduit un biais très marqué dans la mesure où l'on recherchait essentiellement des personnes ayant souscrit un contrat de prévoyance et donc, par définition, des personnes ayant parcouru tout un cheminement intellectuel axé sur la mort. Il est donc logique de ne recenser qu'une toute petite partie des interviewés dans ce cas. D'ailleurs, sur les quatre personnes qui ne déclare ne pas y penser ou très peu, deux sont des personnes qui ont finalement renoncé à souscrire un contrat de prévoyance. On remarque également que trois interviewés sur les quatre vivent seuls, peut être pense-t-on moins à la mort lorsque l'on sait que l'on laissera moins de douleur derrière soi. Il y a souvent une ambiance fataliste dans le discours recueilli auprès de ces personnes avec souvent le même leitmotiv qui revient en ostinato : il faut bien mourir un jour. "Je n'y pense guère. Mais c'est sûr que je ne pense pas être immortel. Ca viendra quand ça viendra". "Pas tellement, non pas encore. J’ai fait ma route, mon bout de chemin" "je préfère penser à la vie et faire qu'elle soit la meilleure possible jusqu' à la fin". Enfin, on peut très bien oublier d'y penser parce que tout va bien : "Non, on ne l'imagine pas lorsque l'on est en bonne santé". Crédoc / Promofunéraire octobre 2004 16
  • 17. Les contrats de prévoyance obsèques : Pourquoi et comment y vient-on ? 1.4 Les enseignements tirés des expériences douloureuses Dans une petite majorité des cas le décès de proches ou les cérémonies qui ont marqué les interviewés ont des répercutions sur leur manière de voir ou de penser l'avenir. L'anticipation prime. Le simple fait de vouloir organiser ses propres obsèques est bien évidemment une conséquence de ce qui a été vécu, rares sont les cas, et on l'a vu précédemment, où l'expérience de la mort des autres est absente. Et dans l'expérience de la mort des autres se fonde sa propre philosophie de la mort et sa propre vision de ses obsèques. A ce titre le vécu d'obsèques a pu apporter répugnance ("ce que je ne veux surtout pas") ou au contraire adhésion ("ce qui serait bien pour moi comme pour mes proches"). Mais d'abord, le premier enseignement c'est qu'il faut être prêt au bon moment, c'est à dire se préparer, surtout parce qu'on est seul. 1.4.1 L'isolement, la solitude. L'inquiétude de sa destinée post mortem, non pas au sens spirituel du terme mais bien au sens physique et donc très matériel est évidemment très prégnant chez les personnes vivant seules et/ou ne laissant qu'une "vague" famille derrière elles. Qui va s'occuper de mes obsèques ? Comment cela peut-il se passer ? Comment se comportera ce qui me reste de ma lointaine famille peu préoccupée par ma personne ? Beaucoup d'interrogations légitimes de la part de ces personnes isolées. La canicule de l'été 2003 a d'ailleurs été, et même si la plupart des interviewés s'en défendent, un révélateur douloureux. Comment peut-on abandonner SES morts ? Et chacun de transposer cette situation à son propre cas. Se pourrait-il que cela m'arrive ? Le besoin est ici clairement exprimé, que la prévoyance obsèques peut naturellement combler. "Moi, je n’ai plus personne. Qui va s’occuper de moi, où je vais aller, qu’est-ce qu’on va faire de ce corps…?" "J'ai pris un premier contrat il y a dix ans je ne sais pas trop pourquoi, juste peut être parce que je vis seule et parce que je me suis demandée qui allait organiser mes Crédoc / Promofunéraire octobre 2004 17
  • 18. Les contrats de prévoyance obsèques : Pourquoi et comment y vient-on ? obsèques et comment. Pour moi, c'était prouver mon indépendance et ne rien devoir à personne"1 "Comme j'ai une famille réduite, je ne voulais pas embêter mes nièces et dans le fond je me suis dit que c'était une excellente chose de prendre en main soi même cette décision". 1.4.2 Pour avoir les obsèques que l’on désire. Autre logique des enseignements tirés, la volonté légitime que soient respectés un certain nombre de principes pour la cérémonie comme pour le type ou le lieu de repos éternel. Cette volonté se forge généralement après avoir assisté à des obsèques considérées comme catastrophiques ou plus simplement parce que l'interviewé a depuis toujours des idées très arrêtées sur ce qu'il souhaite. " je me sens détachée de la vie désormais et je ne supporte plus les fleurs blanches, je trouve les cimetières absurdes et ces débordements religieux ridicules. Quand vous entendez un curé vous dire que votre fille est mieux là-haut que près de vous, ça vous met dans une colère terrible, je ne crois plus, je compte bien me faire incinérer et disperser dans le jardin du souvenir, sans cérémonie ni fleurs !" "Pour qu’il n’y ait personne à mon enterrement, ni toutes ces cérémonies ridicules" "Il n’y aura pas de fleurs, les amis proches uniquement et mes enfants" "J’ai fait incinérer mon mari pour qu’il soit avec ses parents et j’ai dit qu’on fasse la même chose avec moi" Il n'est pas toujours aisé de communiquer à ses proches (lorsqu'on en a encore) ses desiderata en matière de choix d'obsèques et de prestations. Certains ne le feront jamais car le sujet ne s'aborde pas facilement, d'autres n'ont pas encore pris le temps de le faire. Là encore la prévoyance obsèques apporte de toute évidence une solution de sérénité. 1 Il s'agit d'une personne handicapée, atteinte d'une sclérose en plaque depuis l'âge de 21 ans et qui de ce fait n'a jamais souhaité fonder un foyer. Crédoc / Promofunéraire octobre 2004 18
  • 19. Les contrats de prévoyance obsèques : Pourquoi et comment y vient-on ? 1.4.3 Pour ne pas laisser aux autres cette responsabilité Que l'on soit seul, que l'on ait des désirs particuliers pour ces obsèques sont des éléments déclencheurs de la démarche prévoyance obsèques, c'est certain. Mais plus que tout, l'argumentaire qui est revenu le plus fréquemment dans les discours tenus portait sur la détermination à alléger la charge que représente l'organisation d'obsèques par les survivants proches. A entendre les personnes interrogées, c'est même un sentiment tout naturel. On a pu être pris au dépourvu lors d'un décès et on ne souhaite pas que ses proches aient à vivre cette situation difficile. La douleur du décès suffit, si on peut éviter d'en rajouter… "Je ne veux pas laisser à mes enfants ce fardeau" "Il faut laisser le moins de problèmes à ceux qui nous suivent, "J’ai tout préparé pour éviter ça à ma famille et éviter les profiteurs qui profitent des personnes endeuillées" "Que jamais mes enfants n’aient ce genre de soucis : il y aurait l’argent qu’il faut et tout serait prêt" "Après avoir vu la publicité TV ,on a eu envie d'avoir plus de renseignements sur ce produit . Ce qui nous a sensibilisé dans ce discours c 'est le fait que ma fille soit tranquille par rapport à l'organisation de nos obsèques, aussi bien au niveau financier que psychologique. Prévoir notre mort c'est lui apporter une aide à ce moment là, qu'elle ne soit pas obligée de tout organiser, la mort c' est déjà assez dur comme cela". Quand se présente le décès d'un proche ayant prévu ses propres obsèques, cela est vécu avec un tel soulagement que l'on n'envisage plus de ne pas faire pareil pour soi. "Pour ma mère, elle avait souscrit quelque chose, quand elle est décédée, tout était fait, nous, ses enfants, n’avions plus rien à faire". La prévoyance, est donc souvent décrite comme un outil apportant rassurance et sérénité. A ce stade de l'entretien, on ne note pas de signe d'inconvénient particulier propre à cette démarche. De plus, se préparer à l’avance n’empêche pas de modifier au gré du temps la façon dont on voit les choses. Crédoc / Promofunéraire octobre 2004 19
  • 20. Les contrats de prévoyance obsèques : Pourquoi et comment y vient-on ? "J’ai prévu ce que j’allais faire. J’ai préparé un faire-part que je modifie au fur et à mesure des événements de la vie " In fine les enseignements tirés des décès qui ont marqué les interviewés convergent tous vers l'idée de penser concrètement à l'organisation de ses obsèques, peut être la seule manière pour ces interviewés de lever toutes les inquiétudes qui se dessinent par rapport au respect de ses "dernières volontés" ou celles liées à la charge que représente pour les autres l'organisation d'obsèques. Crédoc / Promofunéraire octobre 2004 20
  • 21. Les contrats de prévoyance obsèques : Pourquoi et comment y vient-on ? 2 LA DECISION DE PRENDRE UN CONTRAT OBSEQUES 2.1 De nombreuses occasions, très diverses, conduisent à penser au contrat obsèques 2.1.1 De vraies motivations Très souvent plusieurs motivations se conjuguent pour créer l'envie de souscrire. Elles ont principalement de deux ordres, l'aspect financier et les aspects plus matériels. 2.1.1.1 Les motivations d'ordre financier Comme on l'a vu précédemment, les raisons et motivations pour souscrire ne manquent pas. Une qui n'a pas encore été abordée par les interviewés porte sur l'aspect financier des obsèques. On sait que l'effort financier qu'il faut consentir pour organiser des obsèques est important et un quart des personnes interrogées le dit spontanément. Avant toute autre chose, leur objectif premier, au travers de ces contrats est de ne pas grever les budgets de leurs descendants et/ou de ne pas laisser ceux-ci s’engluer dans des problèmes d’argent. "Après la mort de mon mari, j’ai eu du mal à payer les obsèques… Le monsieur de la banque m’a parlé de son assurance pour la mort" "C’est beaucoup parce que mes petits enfants ne sont pas riches, moi non plus" "Financièrement, je ne voulais pas que mon épouse soit un jour ou l’autre dans le besoin suite à ma mort" "L'aspect financier passe en premier, pour ne pas être pris au dépourvu. Un contrat obsèques c'est comme un investissement, un placement qui a pour but de garantir ses obsèques et mettre son conjoint et ses enfants à l'abris des soucis financiers inhérents au coût d'un enterrement". Quand ce n'est pas tout simplement de la méfiance vis-à-vis de la profession : "J'ai souscrit un contrat obsèques pour éviter à ma famille de vivre ce que j'avais vécu avec ma mère et pour éviter les profiteurs qui profitent des personnes endeuillées". Crédoc / Promofunéraire octobre 2004 21
  • 22. Les contrats de prévoyance obsèques : Pourquoi et comment y vient-on ? Dans le cas de personnes très isolées, cela peut revêtir l'aspect de l'évidence même. En effet, sauf à envisager une prise en charge par la collectivité, ce que certains se refusent à faire, il faut prévoir une enveloppe. "Qui aurait payé ? Ca, je me le demande bien et comme je n'ai jamais trouvé de réponse à cette question, autant que je m'en charge moi-même". 2.1.1.2 Les motivations d'ordre matériel Bien évidemment on retrouve là le sentiment que si l’on ne s’en occupe pas soi-même, personne ne le fera et qu'évidemment, personne n'est finalement mieux placé que soit pour savoir précisément ce que doit comporter la prestation d'obsèques. "Quand ma nièce m’a laissé tomber, je me suis dit qu’il fallait que je prévoie mes obsèques" "Comme j’ai une famille réduite, je ne voulais pas embêter mes nièces et dans le fond je me suis dit que c’était une excellente chose de prendre en main soi-même cette décision" "C'est plutôt l'aspect matériel qui a primé. J'avais le souhait que tout soit fait comme je le voulais et que ma nièce n'ait pas à s'en occuper". Dans les considérations d'ordre matériel, on retrouve chez certains une préoccupation d'ordre esthétique, de coquetterie même chez les femmes. "En plus, je ne voulais pas être dans un cercueil moche. Alors, après tout pourquoi ne pas le choisir. Ce n'est pas plus dramatique qu'autre chose. Mais ça fait quand même drôle de choisir SON cercueil". "L'aspect matériel a été primordial, c'était surtout pour faire plaisir à mes enfants et pour pouvoir faire graver une pierre levée ou sera écrit quelque chose en mémoire de mon mari, ce qui n’avait pas été fait au moment de son décès". "Je ne voulais pas de cérémonie ni qu'on m'habille n'importe comment". Crédoc / Promofunéraire octobre 2004 22
  • 23. Les contrats de prévoyance obsèques : Pourquoi et comment y vient-on ? 2.1.2 Des influences Comme cela a été déjà largement évoqué, les expériences douloureuses du passé ont fortement influencé les esprits en matière de prévoyance. On peut même placer ce phénomène comme premier élément déclencheur de la prise de conscience. Mais il y en a d'autres, qui interviennent tout au long du processus de maturation de l'idée. 2.1.2.1 La publicité A la lecture des entretiens, on a pu observer que le mot publicité revenait de manière assez récurrente. Les interviewés avouent souvent l'utilité de ces publicités à un moment ou à un autre de leur réflexion. Cela ne signifie pas forcément l'assurance d'une notoriété sans faille pour l'annonceur mais plutôt celle du produit ou du service en l'occurrence. En effet, les personnes interrogées savent que toute entreprise de Pompes Funèbres propose ce type de service aujourd'hui. La démarche se fera pratiquement à l'identique que pour une prestation classique d'obsèques. On se rend dans une maison que l'on connaît, ayant pignon sur rue ou proche de chez soi et rarement ailleurs. "Je suis allée chez la maison LIEVRE, par tradition familiale puisqu'ils se sont occupés des enterrements de la famille et de celui de ma mère" Mais la publicité, elle, vante avant tout les mérites d'un service, du moins c'est ce que veulent en retenir les interviewés. Heureusement pour les annonceurs, certains notent quand même le numéro à appeler mais rarement les premières fois qu'elles voient la publicité. Il y a là un risque… "Par la télévision. Je me suis dit, c’est vrai, après tout pourquoi pas, je ne laisserai pas de soucis" "Ca remonte à loin, je ne sais plus trop, peut être après avoir vu la pub là-dessus." "Un jour j’ai vu une publicité dans le journal, j’ai tout de suite écrit" "La première fois que j’ai songé à prendre ce contrat, c’était en voyant la publicité à la télé il y a cinq ans" Crédoc / Promofunéraire octobre 2004 23
  • 24. Les contrats de prévoyance obsèques : Pourquoi et comment y vient-on ? Il est clair que le vecteur publicitaire appuis très fort auprès de ces population, son efficacité semble assez redoutable. Mais elle ne suffit pas. Derrière une publicité, il y a une démarche commerciale et qui dit démarche commerciale dit également méfiance de la part de ces populations de plus en plus sollicitées par les vendeurs de tout et n'importe quoi. C'est là que le relais "bouche à oreille" prend tout son sens. 2.1.2.2 Le "bouche à oreille" Ici, plus de commercial abusif, c'est la confiance qui domine. Qui, un parent, qui un voisin ou un ami, toujours un tiers de confiance pour vous convaincre du bien fondé de la démarche. Bien sûr il faut vaincre le tabou du sujet. "J'ai des amis plus vieux que moi encore qui y pense aussi mais on n'en parle pas" Mais lorsque le sujet est abordé, sauf insensibilité à ce thème ou rejet formel de l'idée même de pouvoir organiser ses propres obsèques ("C'est trop morbide", "Quand j'en parle autour de moi, on me dit "ce n'est pas possible", "et moi je dis que ça ne fait pas mourir de signer un contrat obsèques, c'est juste une précaution"), l'impact peut être très fort. "Je suis allée voir l’entreprise lorsqu’une des voisines y est allée pour elle" "Mes parents avaient souscrit un contrat de ce type, ça m'a donné l'idée" "Après la mort de mon mari, on m'a dit que si j'avais prévu ça aurait été moins dur". "Je me suis inscrite à une association de crématiste qui m'a conseillé de prévoir mes obsèques". Le bouche à oreille n'est bien sûr certainement pas suffisant à lui seul. Il vient compléter, infirmant ou confirmant l'information distillée dans les campagnes de publicité et bien sûr, il rassure. "Bien sûr je me suis renseigné beaucoup autour de moi, qu'est-ce que vous croyez parce qu'avec toutes ces pub qu'ils passent à la télé tout ça ce n'est pas très explicite. Et si la société fait faillite ? Hein ? Qu'est-ce qu'il arrive ? Et bien ils ne vous le disent pas" Crédoc / Promofunéraire octobre 2004 24
  • 25. Les contrats de prévoyance obsèques : Pourquoi et comment y vient-on ? "L'expérience de l'enterrement de mes parents nous a laissé la certitude que nous ne voulions pas que notre fils s'occupe de tout ça, tant d'un point de vu financier que matériel, Nous avions vu des publicités à ce propos mais c'est à l'occasion d'un achat de fleurs pour un enterrement dans un magasin des PFG que le commercial m'est tombé dessus pour me parler des contrats obsèques. Cela m'a immédiatement donné le sentiment d'une exploitation outrancière de la mort. Ensuite, notre voisine nous en a parlé, elle nous a confié sa documentation, nous avons commencé à nous renseigner plus en détail, car nous voulions nous assurer que notre fils n'ait pas de soucis". Crédoc / Promofunéraire octobre 2004 25
  • 26. Les contrats de prévoyance obsèques : Pourquoi et comment y vient-on ? 2.2 Une "maturation" rapide Pas question, à la lecture des entretiens de conclure que le processus menant à la souscription est un processus lent, cheminant petit à petit vers la raison. C'est tout le contraire que l'on peut constater. Dans une très grande majorité des cas, la maturation est rapide, très rapide parfois même, comme si, à partir de la naissance de l'idée, il fallait faire très vite de peur soit de mourir, soit de renoncer parce que la "démarche" reste malgré tout difficile. La grande majorité des interviewés, près des deux tiers, s’est résolue dans l’année qui a suivi la première idée. La décision intervient donc très vite. Comme s'il y avait finalement peu d'obstacles au franchissement du cap. "Ca s’est fait très rapidement suite à 2 ou 3 discussions avec mes enfants, j’ai pris le numéro, j’ai appelé" "Un an après la publicité, et deux semaines entre les renseignements et la signature du contrat" "Six mois de réflexion, après avoir vu les premières publicités, puis appeler pour un rendez-vous". "Ca a été vite. Je n'aime pas quand les choses traînent. Nous n'avons pas décortiqué la chose, vous savez c'est compliqué sinon. Nous on aime bien faire comme ça". Si on peut parler d'une certaine célérité entre l'ébauche de l'idée et la maturation de la décision, celle-ci s'accroît encore entre la décision et la signature. Peut-être redoute-t-on de faire marche arrière, croit-on que cette phase du "je me jette à l'eau" est instable. "Mais une fois que nous avons vu la personne, à peine un mois pour le rappeler et signer" "Ca a été assez rapide. J'avais demandé de la documentation aux PFG et là, ils m'ont envoyé quelqu'un chez moi qui m'a tout expliqué et j'ai signé sur le champ. En plus, ce n'était pas dur parce que j'avais déjà une concession". Certains semblent même s'impatienter de la lenteur qui leur est opposée. Crédoc / Promofunéraire octobre 2004 26
  • 27. Les contrats de prévoyance obsèques : Pourquoi et comment y vient-on ? "Je me suis renseignée l'année dernière auprès des PFG d'Andrézieux, parce que je connaissais le père du jeune homme qui les tenait et puis ça à traîné, ça m'a énervé, je voulais en terminer, je suis allée en novembre 2003 aux PFG, vers" la Charité", la maison Martel, je crois, ils m'ont donné un rendez-vous avec le commercial, ça à encore traîné un peu, je ne sais pas pourquoi, j'ai enfin pu signer en Février 2004". Toutefois, une minorité des interviewés temporisent plus, voire beaucoup plus ces étapes. Que ce soit dans celle de la maturation : "J'y ai pensé en 1958, à l'enterrement de mon père, j'avais 34 ans, je me suis dit qu'il faudrait faire quelque chose comme ça, prévoir ses obsèques, la vie a suivi son cours, j'y ai toujours pensé et en fait c'est en 2003 que j'ai fait les démarches parce que, la succession de mes parents était réglée". "Ca m'a travaillé longtemps. J'ai vu plusieurs fois les pub à la télévision, jusqu'au jour où j'ai enfin retenu le numéro de téléphone" "Peut être 20 ans en tout. Mais plus concrètement, environ 2 ou 3 ans, depuis qu'on en parle à la radio ou à la télé". "5 ans parce qu'au début ce n'était que des effleurements". …Ou dans la signature du contrat : "J'ai pris mon temps pour réfléchir. J'ai eu les papiers avant l'été, après les vacances j'y suis retourné pour signer. "46 ans !!!" Crédoc / Promofunéraire octobre 2004 27
  • 28. Les contrats de prévoyance obsèques : Pourquoi et comment y vient-on ? 2.3 On souscrit également en ménage Si l'on a vu que pour une personne vivant seule, éloignée de ce qui lui reste comme famille, signer un contrat de prévoyance obsèques apparaît vraiment comme une évidence, il est fréquent que l'on puisse s'engager également sur ce type de prestation lorsque l'on vit encore en couple. Le contrat porte évidemment sur les deux "têtes" suivant le principe que "décharger" la famille s’applique au membre du couple qui restera. "C’était pour nous deux, c’est indissociable" "C’est ma femme qui m’y a sensibilisé. Moi j’y pensais mais ne prenais pas de décision, c’est elle qui a demandé les papiers et nous avons continué la démarche ensemble jusqu’à l’aboutissement du contrat" "C’était pour nous deux, pour que le dernier vivant n’ait pas de soucis " C'est évidemment lorsqu'on découvre dans son entourage, lors d'un décès, l'état d'isolement du conjoint survivant que l'on songe à ce type de solution. La projection d'une telle situation sur le cas de son propre couple amène évidemment à se poser la bonne question. Souvent dans un sens "machiste" d'ailleurs, sous-entendu : "comment fera ma femme si je meurs ?". Cela va même parfois plus loin. Dans certains cas, si les deux membres sont couverts, l’un des deux n’a même pas été consulté. "Vu son état (Alzheimer) je ne lui en ai pas parlé" "Jamais. Il s’occupe de tout, je sais, mais on parle de rien" "Je ne lui en ai pas parlé". De toutes façons, à part en raison d'un refus expressément manifesté par le conjoint, on comprendrait mal que la démarche soit faite isolément, "en égoïste", par l'autre, ça n'aurait pas de sens. On peut bien sûr envisager le cas d'un obstiné qui malgré tout souhaiterait le faire dans son coin ou encore pour des raisons purement financières. Crédoc / Promofunéraire octobre 2004 28
  • 29. Les contrats de prévoyance obsèques : Pourquoi et comment y vient-on ? "Pour moi seulement et ce, pour une question financière. Ma femme, s'il lui arrive quelque chose, moi je touche une retraite de cadre donc je me débrouillerais pour ses obsèques. Mais elle, si je meurs avant, elle se retrouverait dans la difficulté. C'est pour ça que je ne l'ai pas fait pour tous les deux. 2.4 Une fois la décision prise, peu de doutes A partir du moment où les interviewés commencent à s’intéresser aux contrats obsèques, leur décision semble déjà prise : le moment n’est pas aux interrogations sur celle-ci, mais plutôt sur le choix du prestataire. Toutefois, on a vu plus haut que la célérité de souscription, une fois la décision prise pourrait s'expliquer par le fait que le doute persiste toujours, même si les interviewés s'en défendent pratiquement systématiquement. "Non, non pas du tout. A partir du moment où l’idée était là, je n’ai plus hésité" "La réflexion s’est faite au travers des discussions avec mes parents, et puis une fois que j’avais pris ma décision, j’ai regardé le contrat et comment ça se passait… Je ne me suis pas pris la tête avec ça pendant des mois et des mois" "Non pas du tout, je n'ai eu aucun doute. Quand quelque chose commence à venir dans ma tête, l'idée fait son chemin sans retour en arrière et sans détour. J'étais déterminée". On peut aussi avancer que tout se passe comme si l’on cherchait à se débarrasser de cette "corvée", dans un retour de refoulé sur la mort. Une fois cette affaire "réglée", on peut tourner la page, vivre plus léger. "Pas tu tout. D’ailleurs la personne qui est venue m’a donné un mois pour réfléchir et moi j’ai dit que je n’en avais pas besoin " "Aucun doute. Une fois l’idée venue et la démarche faite, cela m’a semblé évident, c’était une bonne chose de faite, je pouvais penser à autre chose". Crédoc / Promofunéraire octobre 2004 29
  • 30. Les contrats de prévoyance obsèques : Pourquoi et comment y vient-on ? Certains ont quand même eu manifestement un peu de mal. La gestation est plus longue, il y a quelques hésitations. "Non, j'ai peut être eu un petit doute, en me disant que si l'échéance de ce contrat était plus ou moins longue le contrat serait peut-être perdu" "On s'est demandé si ce n'était pas mieux d'économiser que de faire une convention obsèques comme on a fait" "J'ai eu quelques doutes. Disons que parfois il vaut mieux laisser faire les choses. Il fut un moment où je me disais, j'ai le temps je verrais le moment venu. C'est un élément de décision que j'analyse et puis un moment donné peut être que le travail se fait derrière. Et puis je décide mais ce n'est pas sur un coup de tête, ça mûrit. La levée des doutes s'opère plus par un travail personnel que grâce à une recherche d'informations. Manifestement au moment où se prend la décision, les interviewés disposent de toute l'information (commerciale) nécessaire pout faire le choix en toute connaissance de cause. C'est pourquoi les personnes qui avaient des doutes avouent ne pas avoir cherché de conseils ou d'informations supplémentaires. Et puis, il y a ceux qui n'ont finalement pas signé. Les doutes qu'ils avaient étaient trop forts pour aller jusqu'à la signature. La méfiance vis-à-vis du service rendu voire du prestataire ont eu raison de l'accomplissement de la démarche. Et là encore, on ne peut pas parler de recherche de conseils supplémentaires. La décision inverse est prise. Ils ne signeront pas : "Je n'ai pas cherché d'autres informations pour vaincre mes doutes, j'ai laissé tomber ces pubs et toute cette idée". "Et bien quand j'ai vu que ce n'était pas clair, vous comprenez... Moi j'aime les choses nettes et eux ils ne sont pas nets". Crédoc / Promofunéraire octobre 2004 30
  • 31. Les contrats de prévoyance obsèques : Pourquoi et comment y vient-on ? 3 LE PROCESSUS DU CHOIX DU CONTRAT 3.1 Un besoin d’informations relativement limité Lorsque le désir de prendre en main l'organisation de ses propres obsèques est manifeste, le processus est déjà largement engagé. On s'est documenté, on a parcouru la littérature sur le sujet, souvent au travers de publicités ou de documents commerciaux, et on se sent bien informé. On remarque déjà dans les propos tenus par les interviewés que la recherche d'un compromis idéal prix / prestations n'est pas généralisée. Toutes les propositions "techniques" sont perçues comme équivalentes, il n'y a que le prestataire qui change. "C’était très clair" "Je me suis contentée de ce qu’ils ont envoyé, ce qu’il y avait à payer en fonction de ce que je demandais comme capital et c’est tout" "Nous n’avons pas été chercher bien loin. Les renseignements et le produit que nous proposait Norwich Union nous convenaient tout à fait" Finalement, qu'est-ce qui change par rapport à des obsèques traditionnelles ? Le simple fait de commanditer soi-même. Il est donc clair que l'essentiel des interrogations va davantage porter sur des tarifs que sur d'autres détails organisationnels. "Les contrats sont assez explicites et il y avait un numéro où appeler en cas de questions. Je n’ai pas cherché 36000 choses. Ce que je voulais savoir, c’est combien ça allait me coûter et comment j’allais être enterré, que vous soyez incinéré, habillé en costume ou en robe de chambre, ça ne change rien, c’est pas sur ces détails là que j’ai traîné, c’est sur le fait de savoir combien ça allait coûter et la possibilité de se faire incinérer. "Combien cela allait me coûter, je ne voulais pas avoir de cercueil hors de prix " "Honnêtement je n'ai pas beaucoup cherché d'informations, je me suis contentée de ce qu’ils m’ont envoyé, de ce qu’il y avait à payer en fonction de ce que je demandais comme capital et puis c’est tout". Crédoc / Promofunéraire octobre 2004 31
  • 32. Les contrats de prévoyance obsèques : Pourquoi et comment y vient-on ? Sur l'aspect tarifaire si c'est probablement le coût global de la prestation qui suscite des interrogations, certains interviewés affinent le codex des questions financières. Ainsi, on se renseigne sur les financements, sur d'éventuelles indexations, etc… "Le prix, les augmentations de prix chaque année" "Le financement, pour que ça me coûte le moins cher mensuellement" On se contente finalement d'une information générale sans vraiment entrer dans le détail. L'information prise "à la volée" semble suffisante, sauf pour certains, peu nombreux qui souhaitent "creuser" l'organisation des obsèques en elles-mêmes. "Déjà je voulais savoir comment ça se passe concrètement, quand on est mort, on est mort! Et si je meurs à l’hôpital?" Crédoc / Promofunéraire octobre 2004 32
  • 33. Les contrats de prévoyance obsèques : Pourquoi et comment y vient-on ? 3.2 La première et principale source d’informations : la famille Il ne s’agit pas ici véritablement d’une recherche d’information, qui est délivrée essentiellement par les opérateurs, mais plus d’un besoin de se livrer à ses proches. La discussion est souvent la simple communication d’une décision déjà arrêtée, la recherche de conseil ou d'appuis auprès de ses proches est pratiquement inexistante. "J’ai juste dit à ma nièce que j’allais souscrire un contrat obsèques " "J’en ai parlé avec ma cousine, mais l’incinération choque encore beaucoup les gens de ma génération et de mon entourage; j’en ai parlé à mon demi-frère, sur le moment il n’a rien dit" "Avec les enfants, une fois, j’en ai parlé avant, je leur en ai parlé comme ça au fur et à mesure". "J'en ai parlé avec mon épouse lorsque c'était fait, sinon, non" Peu de personnes "osent" poser des questions au-delà du discours tenu par les entreprises. Et quand elles le font, c’est auprès de ces mêmes entreprises, comme un complément d’informations. Après tous les experts sur ce thème sont les professionnels du secteur. Qui mieux qu'eux peuvent renseigner ? Par ailleurs, les personnes interrogées ont souvent manifesté l'impression d'être isolées dans la démarche, de ne pas avoir de connaissances suffisantes sur ce sujet précis et d'un abord délicat. "Je me suis entretenu avec les conseillers PFG, personne d’autre. En fait ma décision était prise, j’avais surtout besoin de renseignements techniques. Pour le reste, j’étais sûre". "Non, je n'en ai parlé avec personne, j'ai juste demandé des précisions au garçon de la maison de pompes funèbre et j'ai demandé de la documentation aux organismes qui en parlent à la télévision". "J’ai redemandé quelques détails à ma compagnie d’assurance". "Non, je ne connais personne qui ait souscrit un contrat". Crédoc / Promofunéraire octobre 2004 33
  • 34. Les contrats de prévoyance obsèques : Pourquoi et comment y vient-on ? On reste ainsi dans un jeu de "culbute" : à partir du moment où la décision de prendre un contrat est prise, on ne relève pas d’exigences particulières. Crédoc / Promofunéraire octobre 2004 34
  • 35. Les contrats de prévoyance obsèques : Pourquoi et comment y vient-on ? 3.3 La première motivation du contrat : ne pas laisser une "dette" derrière soi Même si, la volonté de s'engager dans ce processus de prise en charge de ses propres obsèques peut découler d'une combinaison de motivations bien distinctes, plus de la moitié des personnes interrogées donnent comme motif essentiel à leur décision de souscrire un contrat obsèques la volonté de ne pas laisser la charge financière de leurs obsèques à leurs descendants. Ceci pourrait paraître parfaitement cohérent dans le cas de personnes aisées et dont les enfants le sont moins. Mais on relève que ce raisonnement va bien au-delà de ce cas de figure, y compris chez des personnes modestes. "Nous ne sommes pas riches, nos enfants non plus, je ne voulais pas que cela leur soit une charge" "Je ne veux pas que ma femme soit dans le besoin quand je mourrai". "Pour ne pas être pris au dépourvu. Un contrat obsèques, c’est comme un investissement, un placement qui a pour but de garantir ses obsèques et mettre son conjoint et ses enfants à l’abri des soucis financiers…" Il est vrai que cette charge financière, brutale et lourde, cristallise en partie l’inquiétude autour des obsèques. On peut même avoir l'impression d'alléger la charge émotionnelle des survivants en occultant2 la charge financière. "J’ai vu ma sœur qu’il a fallu aider financièrement, elle ne s’en sortait pas. Je ne veux surtout pas que cela se reproduise pour moi" 2 Le terme occultant est ici assez bien adapté dans la mesure où, hormis une éventuelle amputation fiscale, il s'agit d'un jeu à somme nulle. Ce qui est financé au moment du décès vient en déduction de la transmission d'héritage. Or ce qui surprend c'est que ce point n'a jamais été abordé, y compris chez les personnes ayant un argumentaire exclusivement financier. Crédoc / Promofunéraire octobre 2004 35
  • 36. Les contrats de prévoyance obsèques : Pourquoi et comment y vient-on ? "C'est l'aspect financier qui prime parce que c'est dur de faire face à ça". Bien sûr les arguments ne sont pas exclusifs les uns des autres. Une partie des interviewés a dépassé le strict cadre financier pour y adosser une composante plus "matérielle". "Les deux, le désir que l'on respecte ma volonté et que ça paie au maximum les frais qu'il y aurait". "C’est le tout, c’est effectivement l’aspect financier mais c’est aussi l’organisation. Pour avoir perdu des amis proches, je sais que c’était un bazar. S'il y a un organisme qui le fait ce n’est pas gênant de lâcher 10000, 15000, 20000 francs". " Les deux Ils n’auront pas de souci pour prévoir ce qu’il y a à faire, j’ai prévu moi- même, ça sera fait comme ça et puis c’est tout. Et puis il y a l'aspect financier". Enfin, moins nombreux sont ceux pour qui la seule charge matérielle (organisation) a déterminé la souscription. L'aspect financier n'est pas abordé même si, sur le fond, on devine que la notion de "rendre service" à ses prochains ne peut pas faire totalement abstraction des questions financières ; reste le tabou de l'argent après celui de la mort. On décèle aussi dans les propos d'un interviewé la notion de "je paye donc je décide". " L’aspect matériel, et surtout pour pouvoir faire plaisir à mes enfants et faire graver une pierre levée où sera écrit quelque chose en mémoire de mon mari" "Réduire les démarches à ce moment là". "Je veux une incinération avec le cercueil le moins cher possible. J'ai aussi fait une liste des personnes à convier, je ne veux que ma famille et mes amis proches, je ne veux pas de gens que j'ai très peu vus au cours de ma vie et qui viendraient à mon enterrement". Crédoc / Promofunéraire octobre 2004 36
  • 37. Les contrats de prévoyance obsèques : Pourquoi et comment y vient-on ? 3.4 Peu de "personnalisation" dans le choix du contrat obsèques Dans une même logique, une fois que l’on a décidé de souscrire, on reste particulièrement modeste sur les demandes particulières. On décèle dans l'ensemble assez peu de réelles attentes dans le discours des interviewés. On ne manifeste pas de désir marqué de personnalisation. Le choix est guidé par l'obligation. Il faut bien choisir un cercueil, un type d'obsèques avec ou sans cérémonie, un lieu de repos etc… On dépasse rarement ce cadre "Non, ça ne m'intéresse pas du tout" "Je m'en fiche, ça ne me concernera plus" "Rien de particulier" "J'ai fait le choix du principal, je dirais. J'ai sélectionné 3 musiques pour l'enterrement, Voilà quoi ! Je n'ai pas souhaité être dans une tenue particulière, je n'ai pas souhaité avoir quelque objet avec moi. Oui, j'ai quand même fait un choix, surtout celui des personnes que je ne voulais pas" Le seul point qui soit nettement demandé et sans doute qui participe de la motivation, c’est lorsque l’on souhaite une crémation. Celle-ci est au cœur du contrat, le reste des obsèques étant finalement peu "investi". "Nous souhaitons être incinérés et placés dans notre caveau" "Oui, le choix, c'est surtout en ce qui concerne l’incinération. Je veux une cérémonie religieuse et ensuite que les cendres de mon mari et les miennes soient réunies dans la même urne". "Le choix c'est que je voulais être incinéré et que je ne voulais pas être enterré". "Rien de particulier puisque je ne veux pas de cérémonie religieuse et je veux être incinérée. J'ai choisi mon cercueil car comme je suis incinérée, il en faut un spécial pour ça". Crédoc / Promofunéraire octobre 2004 37
  • 38. Les contrats de prévoyance obsèques : Pourquoi et comment y vient-on ? Comme on le voit en ce qui concerne les cérémonies religieuses -et bien que cela apparaisse normal de s'exprimer sur ce sujet, question de foi-, lorsque les attentes s'expriment, c'est essentiellement par la négative. Le refus de prestations, de protocole, l'envie de partir avec un cérémonial dépouillé, le plus simple possible, humble et intime sont les sentiments qui semblent dominer. Cette modestie affichée ne va certes pas dans le sens d'une valorisation des obsèques mais elle semble apparaître comme une motivation de souscription qu'il convient de ne pas négliger. "Je ne veux surtout pas de fleurs, ni de cérémonie, surtout pas de service religieux. Je ne convie personne, la mort, c’est la mort on n’en parle plus". " Je ne veux pas de cérémonie religieuse; j’ai demandé à ce que mon avis de décès soit diffusé après mes obsèques, pour qu’il y ait le moins de monde possible, pour que mes fils aient le moins de monde à s’occuper " "Une cérémonie très simple, très modeste" "J'ai pris la conduite au funérarium, une crémation au Père Lachaise, le transport des cendres en Dordogne et le reste, c'est le plus simple possible, sans fleur ni couronne". "Ni fleur, ni couronne, ni cérémonie et personne derrière mon cercueil". Cette apparente volonté de simplicité peut évidemment dissimuler des arguments financiers. "Oui nous voulons le plus simple et le moins cher bien sûr car nous ne sommes pas riches, un cercueil le plus simple et une cérémonie religieuse simple, le minimum de fleurs". Quelques demandes plus particulières s’expriment quand même. Souvent il s'agit de précisions quant au type de cérémonie, ou portant sur certain point de l'organisation des obsèques mais la plupart du temps, on ne peut pas parler de "personnalisation". "Je voudrais que l'entreprise s'occupe de la liaison avec la communauté religieuse, c'est très important et puis du cercueil, de la conception de tout ce qui peut être matériel". "J’ai choisi mes fleurs, ça ne doit pas être très courant ça. J’ai payé pour qu’on fleurisse ma tombe pendant dix ans. Je suis totalement athée mais j’ai demandé une messe pour les gens qui seront là et enfin, j'ai demandé à être enterré avec mon frère". Crédoc / Promofunéraire octobre 2004 38
  • 39. Les contrats de prévoyance obsèques : Pourquoi et comment y vient-on ? "J'ai demandé à être enterré au côté de mon père et de mon oncle, sur la plaque : juste nom, prénom, année de naissance et de décès avec les mêmes caractères que ceux de mon père et de mon oncle. Dont certaines non dépourvu d'humour, comme pour dédramatiser. "J'ai choisi un cercueil capitonné. Et oui, pour la route!" "J'ai aussi prévu mes habits pour ce jour, histoire que l'on ne m'habille pas avec une robe du soir" Ces choix de personnalisation, lorsqu'ils ont été prononcés dans un sens positif, n'ont pas pour autant constitué un argument en faveur du contrat obsèques.. "Ce n’est pas l’idée première. Ce qui m’a motivée c'est que je ne voulais pas laisser aux enfants des ennuis" "Non, ce n’est pas le choix des options" "Non, c’était vraiment l’aspect financier qui m’a motivé" On a vu, plus haut, qu'en revanche et hormis pour une minorité souhaitant faire respecter son vœu d’incinération ou ses pratiques religieuses, l'inverse semblait plutôt vrai. Les demandes "négatives" peuvent stimuler la demande de contrats même si la motivation première est pratiquement toujours de ne pas transmettre une charge supplémentaire à ses proches qu'elle soit financière ou autre. "Oui en quelque sorte, je suis sûre d'être incinérée et que mes volontés seront respectées3, c'est une forme de testament, mais j'ai souscrit ce contrat surtout pour éviter des soucis à mon frère". "Non, non, nous avons pris ce contrat uniquement pour soulager nos enfants d'un fardeau". 3 Cette personne déclarait au préalable : "je ne veux surtout pas de fleurs ni de cérémonie surtout pas de service religieux, pas d'avis de décès, je ne convie personne. La mort, c'est la mort, les choses sont finies, on n'en parle plus". Volontés s'inscrivant pour le mieux dans un sens très négatif. Crédoc / Promofunéraire octobre 2004 39
  • 40. Les contrats de prévoyance obsèques : Pourquoi et comment y vient-on ? 3.5 La religion : une absente signifiante ? Existe-t-il une corrélation entre le fait de prendre soi-même en main ses propres obsèques et un rapport particulier à la religion ? L’étude, qualitative, ne permet théoriquement pas de répondre nettement à cette question. Pourtant, la réponse apparaît très clairement au fil des entretiens. Tout d'abord, le dénombrement des religions rencontrées donne cela : Sur 32 personnes interrogées, on recense 19 Catholiques dont 5 pratiquants, 9 athées dont une qui l'est devenue au cours de sa vie, deux personnes juives non pratiquantes, une protestante, également non pratiquante, et, enfin, une personne qui n'a pas souhaité répondre. C'est cette dernière qui va d'ailleurs donner le ton de la réponse : "Mais qu'est-ce que vient faire la religion là dedans ?" S'il y a un débat autour de la religion, il porte surtout sur la cérémonie religieuse. Il ne porte pas sur la fomentation de l'idée ou de la décision de souscrire. Chez les pratiquants on veut bien évidemment une cérémonie et là, le contrat ne résout pas forcément toutes les volontés : "Maintenant dans ma famille, il n’y a plus beaucoup de pratiquants, j’espère que ce jour là ils feront un effort" Chez les Athées, trois attitudes sont de mise, la première relève plutôt de l'agnosticisme : "Je suis totalement athée mais j'ai demandé une messe pour les gens qui seront là…" Crédoc / Promofunéraire octobre 2004 40
  • 41. Les contrats de prévoyance obsèques : Pourquoi et comment y vient-on ? La deuxième consiste à occulter le sujet comme s'ils se fichaient d'avoir ou non une messe. "Non cela ne m'a aucunement influencé, bon, je ne veux pas spécialement de cérémonie, je ne suis pas croyante et surtout je m'en fous". Enfin, dernière attitude, s'assurer à tout prix que son athéisme sera respecté à la lettre. Dans ce cas, les personnes avouent que la religion a joué un rôle, un rôle inversé puisque la souscription d'un contrat obsèques lui apporte l'assurance qu'elle n'aura pas à "supporter" une cérémonie religieuse. Les termes employés sont alors assez violents, une sorte d'intégrisme dans la pensée athée. "Je suis profondément athée, je ne veux pas me retrouver avec une cérémonie religieuse, quelle horreur !" "Je suis athée depuis la mort de mon père, il a été élevé chez les curés et ils avaient des punitions terribles, je suis sûr que ça a tué mon père, que c'est ce qui l'a rendu fragile du cœur. Des fois il fallait qu'il reste une nuit entière les mains sur la tête à prier avec de l'eau jusqu'au cou, vous imaginez ! Les curés et la religion c'est ce qu'il y a de pire, je veux être sûr qu'il n'y aura pas de messe pour mes obsèques !" C'est finalement de cette dernière catégorie dont on pourra dire que la religion -ou plutôt l'anti-religion- peut jouer un rôle dans la souscription d'un contrat. Mais dans l'ensemble, pour les pratiquants, les croyants, les agnostiques ou les athées, un même leitmotiv, la religion n'a rien à voir dans cette démarche. La possibilité d'organiser ses propres obsèques ne redéfinit en rien la notion de mort, d'au-delà ou autres préceptes et ne remet absolument pas en cause le rapport (ou non) à la religion. La religion peut intervenir au moment des obsèques ou du choix éventuel d'une incinération (pour les catholiques surtout, bien que cette religion l'accepte aujourd'hui) mais pas au niveau de la genèse de la décision de souscrire. En revanche sur un plan plus pratique, hormis le choix de l'incinération, la religion peut peser de son poids au niveau organisationnel des obsèques. L'exemple suivant montre Crédoc / Promofunéraire octobre 2004 41
  • 42. Les contrats de prévoyance obsèques : Pourquoi et comment y vient-on ? bien que le choix de l'opérateur a été fait en fonction de la religion de l'interviewé, juive en l'occurrence. "Ca a joué par le fait de la co-organisation des obsèques car dans la religion juive, on enterre pratiquement du jour au lendemain donc j'ai choisi une entreprise qui pourra réagir vite". Crédoc / Promofunéraire octobre 2004 42
  • 43. Les contrats de prévoyance obsèques : Pourquoi et comment y vient-on ? 3.6 Au final peu d’obstacles ressentis pour les signataires Une grande unanimité ressort des entretiens auprès des personnes qui ont signé un contrat de prévoyance obsèques. Aucun obstacle majeur n'a été rencontré tout au long du mûrissement du projet. Tout au plus certaines personnes ont exprimé des difficultés à rassembler les fonds nécessaires à cette opération, mais autrement, et surtout psychologiquement, rien. "Aucun obstacle, si ce n’est le temps que ça a pris" "Je n’en ai rencontré aucun. Pour moi, tout est moral là dedans. A ma mort, les autres resteront libres de faire ce qu’ils veulent pour moi" "Au contraire, ça a levé les obstacles financiers de l’enterrement" "Non, aucun. Ni même moralement. A partir du moment où j'ai dit ce que je souhaitais et qu'ils m'ont dit ce qu'il était possible de faire, il n'y a eu aucun obstacle. Financièrement non plus, je n'ai pas de problème financier. Je dirais que dans l'absolu, signer un contrat, c'est finalement peu de choses". Tout au plus certaines personnes ont exprimé des difficultés à rassembler les fonds nécessaires à cette opération, mais autrement, et surtout psychologiquement, rien. "C'est surtout du point de vue financier parce que, au début, quand je pensais à ce type de contrat, je n'avais pas l'argent alors j'ai remis à plus tard" "Non, pas de problème, juste celui de l'argent parce que j'en n'avais pas assez". Crédoc / Promofunéraire octobre 2004 43
  • 44. Les contrats de prévoyance obsèques : Pourquoi et comment y vient-on ? 4 LA DEMARCHE PRECISE, LA SIGNATURE 4.1 Le passage à l'acte Une fois la décision suffisamment mûrie, il convient de s'engager, se lancer dans la démarche effective de souscription. Alors qu'est ce qui déclenche, un beau matin, le départ chez un opérateur ? Plusieurs contextes se présentent dont le premier en volume est une sorte de contexte flou. Il n'y a pas d'élément particulièrement déclencheur. Un matin, effectivement, la personne pense une fois de plus à l'organisation de ses obsèques mais ce matin là, il se décide enfin à contacter l'opérateur auquel il a pensé. La personne se sent prête, son travail psychologique est achevé. "Un jour j'ai pris rendez-vous, il n'y a pas eu d'événement particulier, c'était sans doute le moment". "A ce moment là, je me suis juste dit qu'il fallait que je le fasse" "J'étais décidée, je me suis lancée, il vaut mieux faire quand on est décidé car sinon, on traîne". "J'y ai pensé à ce moment. Tout simplement, J'ai pensé à maman, à mon mari, j'ai pensé que mon tour allait bientôt arriver" Dans la même veine, le hasard d'une rencontre peut enclencher le processus. "Il n’y a pas eu de prise de rendez-vous, en faisant ma promenade je me suis arrêtée et on m’a renseigné. J’ai été dans deux lieux différents au cours de promenades différentes, j’ai comparé les prix, et j’ai décidé" Dans quelques cas, un contexte propice au déclenchement apparaît. Il peut s'agir de temps libéré pour accomplir sa démarche ou d'un facteur d'ordre médical qui incite à comprendre qu'il est effectivement temps de signer. Crédoc / Promofunéraire octobre 2004 44
  • 45. Les contrats de prévoyance obsèques : Pourquoi et comment y vient-on ? "J'étais débarrassée des problèmes de succession, vente de maison de ma mère, j'avais déménagé, j'étais enfin installée tranquille, j'ai pu y consacrer du temps et prendre rendez-vous". "C'est mon alerte au cœur qui m'a décidé. C’était plutôt qu'une alerte, pas vraiment un arrêt cardiaque, j’ai un peu exagéré. J’ai vu mon médecin et j’ai eu un traitement, C’est vraiment le déclencheur de la prise de rendez-vous" Enfin, comme cela a déjà été plusieurs fois abordé pour expliquer la prise de conscience de l'intérêt de la prévoyance obsèques, la genèse de l'idée et le mécanisme de décision de souscrire, la publicité joue un rôle primordial. A chaque fois que la publicité touche sa cible, cette dernière progresse dans les étapes. Dans le contexte présent, la vue de "Maguelon" se transforme en message très clair : "Bon, maintenant, je vais signer". "Le fait de trouver la publicité a tout déclenché parce que ça correspondait à ce qu'on voulait" "Je voulais le faire de toutes façons. J'étais devant la télévision et la pub PFG est repassée. Là, ce coup-ci, j'ai retenu le numéro et j'ai appelé tout de suite". Crédoc / Promofunéraire octobre 2004 45
  • 46. Les contrats de prévoyance obsèques : Pourquoi et comment y vient-on ? 4.2 Le choix de l'opérateur Une majorité des personnes interrogées se sont contentées d’une seule entreprise. Rares sont les cas où il y a eu une démarche sérieuse de mise en concurrence et pourtant, il existe plusieurs types de contrats à souscrire auprès de différents types d'opérateurs. Pourtant lorsqu'il y a mise en concurrence, ce n'est manifestement pas pour la diversité des offres ni celle des opérateurs. "Je me suis adressé à deux entreprises, elle m'ont fait un devis d'après ce que je voulais. J'ai choisi celle qui me donnait le plus d'assurance sur le respect de mes volontés. Ce n'était pas le moins cher" Ce refus de mise en concurrence peut s'expliquer de la même manière que lorsque l'on choisit un opérateur de pompes funèbres pour des obsèques. On n'en connaît pas toujours plusieurs (en milieu rural la multiplicité de l'offre n'est pas courante) et surtout, ce n'est pas un domaine dans lequel on se "sent" de négocier, sujet un peu tabou de la mort et l'argent réuni. On s'en justifie en expliquant juste qu'on n'en voyait pas l'intérêt. "Non je ne souhaitais pas voir plusieurs entreprises celle-la me convenait et je savais ce que je voulais, de toutes façons c'est sûrement un peu partout pareil !" En dehors des rares cas de mise en concurrence, l'entreprise est la plupart du temps choisie parce qu’elle était déjà connue de la personne soit pour avoir déjà eu recours à ses services lors d'obsèques soit parce qu'une connaissance a souscrit un contrat chez eux. "J’ai appelé l’organisme de pompes funèbres où mes parents avaient souscrit leur truc, je leur ai demandé des explications et ils m’ont envoyé les infos mais j’ai eu pas mal de précisions sur le premier coup de fil". "Je la connaissais" "Celle-là, on la connaissait, elle a enterré mes parents, je savais ce que je voulais..." Crédoc / Promofunéraire octobre 2004 46
  • 47. Les contrats de prévoyance obsèques : Pourquoi et comment y vient-on ? "C'était surtout d'ordre sentimental. J'ai souscrit mon contrat chez les PFG qui s'étaient occupées des obsèques de mon mari" "Maison Argault. Je vois le monsieur souvent, il est du quartier, c’est bien, ça reste près de chez nous. Pas besoin d’aller ailleurs" La publicité joue également ici convenablement son rôle. Mais il s'agit d'une cible plus minoritaire. Le message est passé et la notoriété est acquise même si la publicité vue ou reçue est très ancienne. "Je connaissais la maison parce dans le temps, les concierges donnaient des adresses de pompes funèbres, la maison PFG et Roblot par exemple. Elles avaient toujours des prospectus, c'est comme ça que je connais". "J’ai appelé les PFG à cause de la publicité de Maguelon…" "J’ai reçu beaucoup de publicité et il y en avait une que je connaissais de renom" Enfin, une personne a déclaré avoir choisi "par hasard" l'entreprise auprès de qui elle s'est adressée "Une seule, choisie dans la rue en passant" Concernant les personnes qui ont souscrit auprès d'établissements financiers, la démarche diffère un peu dans la mesure ou la plupart étaient déjà clients soit de la banque soit de la mutuelle auprès de qui elles ont signé. "Ma mutuelle, je la connaissais depuis mon mariage" "Je n'ai été voir que mon assureur parce que mon appartement y est assuré et ma mobylette aussi". "Non, juste ma banque, généralement c'est le genre de produit que l'on prend à l'endroit où l'on a le reste" Crédoc / Promofunéraire octobre 2004 47
  • 48. Les contrats de prévoyance obsèques : Pourquoi et comment y vient-on ? 4.3 La prise de contact La prise de contact se fait, la plupart du temps, le plus simplement du monde. Un appel téléphonique, un déplacement sont les préalables à une entrevue approfondie avec l'opérateur. Ainsi, un tiers des personnes interrogées a téléphoné, puis a reçu un commercial chez lui. Il s'agit exclusivement, dans ce cas d'opérateurs de pompes funèbres. "Une dame très gentille est venue, pas commerciale du tout ce qui était très bien." "Ils sont venus à la maison. Je les ai appelés, en fait le monsieur des Pompes Funèbres je le connaissais…" "Nous avons pris rendez-vous avec un monsieur qui est venu chez nous nous expliquer les différentes sortes de contrats, nous avons réfléchi puis nous l'avons rappelé pour lui communiquer notre choix. Nous avons repris un rendez-vous pour la signature" Un autre tiers s’est rendu chez un opérateur, pour un premier contact et afin de prendre rendez-vous pour la signature du contrat, toujours chez l'opérateur. Dans ce cas encore, il s'agit majoritairement de contrats se soldant par une prestation effective d'obsèques au sein de la même maison, et non chez un assureur. En effet, on imagine mal contracter à distance lorsqu'il est nécessaire d'effectuer des choix de prestations et de produits. Toutefois certaines personnes se déplacent même s'il n'y a pas de prestations d'obsèques. "Je me suis déplacée une première fois, je me suis renseignée, j’ai convaincu mon mari, nous avons repris rendez-vous par téléphone et y sommes allés ensemble" "Je me suis déplacé. J’ai demandé des renseignements, on m’a conseillé, tout s’est passé sur place, comme ça. J’ai choisi le montant des obsèques, j'ai réfléchi un peu et je suis revenu quelques temps après pour signer le contrat" "Je suis rentrée dans le magasin, on m'a dit qu'il fallait prendre un rendez-vous, alors j'ai pris un rendez-vous. "Lors d'un rendez-vous avec ma banque, je suis allé me renseigner aussi pour ça puisque j'avais vu un prospectus". Enfin, un dernier tiers a fonctionné uniquement par correspondance (téléphone, courrier). Dans ce dernier cas, il s'agit exclusivement de contrats dont la prestation Crédoc / Promofunéraire octobre 2004 48
  • 49. Les contrats de prévoyance obsèques : Pourquoi et comment y vient-on ? d'obsèques n'est pas assurée directement par l'opérateur, donc généralement souscrits auprès d'intermédiaires financiers. "Je leur ai demandé de m’envoyer des trucs, j’ai reçu le contrat et les explications, j’ai rempli et renvoyé" "Tout s’est passé par courrier et téléphone" "Avec ma banque, j'ai reçu les papiers à remplir et ça s'est passé comme ça. J'ai trouvé que c'était sérieux et ça a été très vite." Crédoc / Promofunéraire octobre 2004 49
  • 50. Les contrats de prévoyance obsèques : Pourquoi et comment y vient-on ? 4.4 Un accueil et des entrevues unanimement appréciés Pratiquement toutes les personnes interrogées qui ont signé un contrat ont souligné la qualité de l'accueil et des contacts avec leurs interlocuteurs. La psychologie est bien évidemment de rigueur pour aborder un sujet assez difficile et les opérateurs semblent l'avoir bien compris. "Contact très très bien, les gens étaient chaleureux et courtois" "Le contact était excellent et la discussion relativement agréable si l'on considère le sujet". "L'accueil était très bien, la preuve, j'ai signé tout de suite" "L'entretien s'est déroulé à la maison, tous les deux. Ca s'est très bien passé, on a parlé de tas de choses, c'était très convivial, comme si on se connaissait depuis longtemps. C'était une personne très avenante, pas fière. Ca m'a fait une très bonne impression" La décision est longue à mûrir, le processus est fragile, on a vu précédemment que même s'il n'était pas clairement avoué, on ressentait toujours une sorte de doute dans les discours, c'est pourquoi l'étape finale se doit d'être menée avec tact. " L’accueil a été très agréable, tellement que je pense que si elle avait été "normale", moins sympa, je lui aurais demandé un délai de réflexion avant de signer, mais là non, j’ai signé tout de suite." Une anomalie toutefois dans le panel des personnes interrogées : une personne qui n'a d'ailleurs finalement pas signé de contrat, justement pour cette raison. "La façon dont le commercial m'est tombé dessus pour me parler de cela ma fait l'effet d'une douche froide ! Je crois que c'est ce qui dès le début, m'a rendu réticente à ce type de contrat" Sans émettre de doute sur le professionnalisme des "commerciaux", cette perception exclusivement positive est peut-être à mettre également sur le compte de deux Crédoc / Promofunéraire octobre 2004 50
  • 51. Les contrats de prévoyance obsèques : Pourquoi et comment y vient-on ? phénomènes. D'une part, il s'agit d’un autre rapport aux obsèques. Les personnes concernées ont déjà eu à faire avec des Pompes Funèbres, dans des circonstances brutales et douloureuses. Le contexte présent est beaucoup plus détendu, et permet de l’humour sur soi. "Oui, agréable, c’était jovial au contraire, on a parlé de ça normalement". D'autre part, on remarque une absence fondamentale d’attente due probablement à une décision déjà effective. Le commercial n’a pas vraiment à convaincre des convaincus, mais plus à expliquer sans forcer. "Le monsieur était très bien, très gentil. Il n’essayait pas de vendre à tous prix, il a entendu mes demandes, pas de fleurs, pas de ceci, et il a pris note, c’est tout". Quelques personnes sont toutefois restées sur leur faim concernant les explications fournies : "Oh oui, pour l'accueil, ça va, pour les explications ce n'est pas clair". Au final, on retiendra que les entretiens ont été courtois, et agréablement ressentis mais que les professionnels n'étaient là, en quelque sorte, que pour la signature d'un acquis. Crédoc / Promofunéraire octobre 2004 51
  • 52. Les contrats de prévoyance obsèques : Pourquoi et comment y vient-on ? 4.5 Des contrats très divers Le premier constat que l'on peut faire à l'écoute des personnes interrogées c'est que ces dernières connaissent parfaitement bien le contenu de leur contrat. Et quand on étudie ceux-ci, on voit qu’il n’en est pas un semblable à l’autre. Très logiquement, les personnes qui ont contracté une prévoyance obsèques, ont bâti une prestation sur mesure pour elle-même. Le principe de prévoyance ne joue ici aucun rôle. En effet, Elles choisissent une prestation pour elle comme elles auraient pu choisir une prestation pour quelqu'un d'autre en fonction des volontés exprimées préalablement au décès. Chacun ses envies propres. Par conséquent, autant de contrats différents que de personnes interrogées. "Conduite au funérarium, crémation au Père Lachaise, transport des cendres en Dordogne et le reste, le plus simple possible, sans fleur ni couronne" "Le cercueil haut de gamme, le salon funéraire, les fleurs sur le cercueil, la voiture, la préparation du corps..." "Il y aura une petite réunion pour parler de moi. Il y avait un choix de 3 musiques, je les ai sélectionnées, en tous cas, celles qui me plaisaient". Pour quelques-uns, aucun doute, tout est prévu dans les moindres détails. Les proches seront libérés de tout, un objectif en soi. "J'ai la cérémonie, les fleurs, le cercueil, la réouverture du caveau, les gravures, le transport en Seine-et-Marne et toutes les démarches administratives, bref, j'ai tout prévu". Il est à souligner que les personnes ayant contracté auprès d'établissements financiers se soucient beaucoup moins de l'aspect purement matériel des obsèques. Certains ne Crédoc / Promofunéraire octobre 2004 52